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La politique d'identité de genre de l'Alberta critiquée par la ministre Ien

durée 19h14
2 octobre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

EDMONTON — La première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, a déclaré qu'elle souhaitait dépolitiser le débat sur la législation à venir concernant les jeunes transgenres, mais une ministre fédérale a indiqué que ce n'était pas possible.

Marci Ien, la ministre fédérale de l'Égalité des genres, a affirmé que la création de la législation elle-même était un acte politique.

«Au Canada, la liberté d'être qui vous êtes n'est pas une question de politique - c'est un droit», a écrit Mme Ien dans un message sur les réseaux sociaux adressé à Mme Smith mardi.

«En tant que législatrice, vous devriez le savoir.»

Le commentaire de Mme Ien est intervenu quelques heures après que Mme Smith a publié une vidéo en ligne où elle soutient que ceux qui considèrent les nouvelles politiques de l'Alberta comme néfastes sont mal avisés.

La première ministre conservatrice a ajouté qu'elle souhaitait que le prochain débat sur le projet de loi, qui doit être présenté lorsque la Chambre se réunira plus tard ce mois-ci, soit mature et compatissant.

Mme Ien a proposé de rencontrer Mme Smith pour discuter plus en détail de la législation et a déclaré que les changements qui y sont proposés pourraient menacer des vies.

Dans une déclaration à La Presse canadienne, Mme Smith n’a pas dit si elle rencontrerait Mme Ien, mais a affirmé que les nouvelles politiques sont créées pour «protéger les enfants et garantir que toute décision qui marque une vie soit prise à l’âge adulte».

«Nous voulons préciser que nous continuerons de veiller à ce que chaque Albertain qui s’identifie comme transgenre soit soutenu et que ses droits soient protégés», a ajouté Mme Smith.

Carolyn Svonkin, porte-parole de Mme Ien, a déclaré mercredi que la première ministre albertine n’avait pas répondu à l’offre de rencontre.

Le projet de loi, annoncé par Mme Smith en janvier, vise à interdire aux moins de 18 ans de subir une chirurgie de changement de sexe et aux moins de 16 ans d’accéder aux bloqueurs de puberté et à l’hormonothérapie.

Mme Smith a affirmé que les personnes de 16 et 17 ans pourront accéder aux bloqueurs de puberté et à l’hormonothérapie, mais seulement après l’accord d’un médecin, d’un psychologue et des parents.

Mark Holland, le ministre de la Santé du Canada, s’est joint à Mme Ien pour exprimer ses inquiétudes.

«Les décisions en matière de soins de santé, y compris les soins d'affirmation du genre, devraient être prises par les familles et leurs médecins», a écrit M. Holland sur les réseaux sociaux.

«Le projet du premier ministre Smith d'interdire ces procédures médicales aura un impact sur la santé des enfants et de leurs familles, et limitera les options des médecins lorsqu'ils tentent de prendre de bonnes décisions en matière de santé pour leurs patients.»

La législation prévue par le gouvernement albertin exigerait également l’approbation des parents si les élèves de 15 ans ou moins souhaitent utiliser des pronoms ou des noms différents à l’école. Les parents des élèves de 16 et 17 ans devraient aussi en être informés.

Elle exigerait également que les parents assistent à des cours portant sur l’orientation sexuelle et l’identité sexuelle et de genre. Actuellement, les parents ont la possibilité de se retirer. De plus, le ministère de l’Éducation devrait approuver tout matériel pédagogique tiers sur ces sujets.

La législation interdirait également aux femmes transgenres de participer à des ligues sportives féminines compétitives, mais pas à des compétitions récréatives ou mixtes.

Une politique controversée

De nombreuses organisations ont condamné ces politiques, notamment Amnistie internationale Canada, l’Association canadienne des sociétés Elizabeth Fry, le Centre canadien de politiques alternatives et des groupes de Fierté de la province.

Victoria Bucholtz, une femme transgenre et membre du groupe Queer Citizens United, a affirmé que Mme Smith et son gouvernement n'ont pas écouté la communauté transgenre et queer, si ce n'est qu'une minorité marginale.

La façon la plus simple pour Mme Smith de dépolitiser les politiques serait de ne rien faire, a lancé Mme Bucholtz.

«Abandonnez ces politiques et remettez-les aux parents, aux enseignants et aux professionnels de la santé qui traitent avec la communauté trans, a pressé Mme Bucholtz. Cette vidéo montre […] qu'elle est consciente qu'il y a une énorme opposition à ce qu'elle fait.»

Le chef de l'opposition du NPD de l'Alberta, Naheed Nenshi, a affirmé qu'il pensait que l'appel de Mme Smith à la dépolitisation était une tentative d'échapper aux critiques et que Mme Smith était la seule responsable de la politisation de la vie des jeunes transgenres.

«Si elle veut vraiment protéger ces enfants trans, elle devrait arrêter de jouer avec leur vie à des fins politiques», a-t-il argué.

Le gouvernement de l'Alberta cherche à s'immiscer dans la relation médecin-patient, a quant à lui estimé Kristopher Wells, titulaire de la chaire de recherche du Canada sur la compréhension publique des jeunes issus de minorités sexuelles et de genre.

«Il est tout à fait inadmissible que le gouvernement tente de s'immiscer entre un médecin et ses patients et de placer l'idéologie au lieu des preuves dans le cabinet du médecin», s'est-il insurgé. M. Wells a récemment été nommé au Sénat par le premier ministre Justin Trudeau.

«Pourquoi le gouvernement provincial est-il si obsédé par le corps des enfants transgenres? C'est une obsession étrange dont il ne semble pas pouvoir se débarrasser.»

Jack Farrell, La Presse Canadienne