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La littérature jeunesse est plus populaire que jamais au Québec

durée 10h00
27 décembre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

5 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — La littérature jeunesse est plus populaire que jamais. C’est même la catégorie la plus importante du marché québécois de l’édition.

Les livres pour enfants représentent 27,9 % des ventes dans la province en 2024, comparativement à 21,4 % pour la littérature adulte, selon la Société de gestion de la banque de titres de langue française (BTLF), qui puise ses données directement aux caisses des détaillants.

Le secteur se porte tellement bien qu’il est en hausse de 13,5 % par rapport à 2023, qui était une excellente cuvée en soi. En fait, sa part augmente sans relâche depuis 2016, année à partir de laquelle la littérature jeunesse est devenue numéro un.

Si le portrait est aussi rose, c’est grâce à l’offre abondante en librairies.

«Il n’y avait pas cette diversité quand j’étais jeune. Ça n’a rien à voir avec ce qu’on a maintenant. Les jeunes d’aujourd’hui sont très chanceux. Mais c'est dur pour les parents et les enseignants de faire le tri là-dedans et de savoir ce qui est de la belle littérature et ce qui n’en est pas», souligne l’autrice Geneviève Guilbault entre deux séances d’écriture avec sa collègue Marilou Addison, elle aussi prolifique, en vue d’une nouvelle collection de romans d'épouvante, qui se déclinera en trois livres, soit un par cycle du primaire.

«C’est un genre très recherché auprès des jeunes. Je n’avais pas encore écrit de romans d’épouvante, alors je me suis dit que c’était une belle façon de me diversifier.»

Le phénomène Geneviève Guilbault

Son œuvre est pourtant déjà riche, comptant une centaine de livres, dont plusieurs ont été édités en Europe.

Geneviève Guilbault rejoint à la fois les filles, avec ses séries de romans «Billie Jazz», «BFF» et «Textos et cie» ainsi que ses bandes dessinées «Céleste la licorne», et les garçons, avec ses nombreux titres mettant en vedette le personnage de Ti-Guy La Puck, dont le 15e tome est sorti en novembre.

C’est d’ailleurs pour inciter son fils à lire qu’elle a écrit son premier livre.

«Mon fils refusait de lire des livres dans lesquels il n’y avait pas d'illustrations, alors je me suis dit que ce serait un beau défi de lui inventer une histoire dans laquelle il n’y aurait pas d'images. Comme je connais bien mon fils, j'ai créé une histoire pour lui, selon ses goûts et intérêts.»

Ainsi est né «Robin Dubois, bon truand». Elle a eu l’audace de présenter son manuscrit aux Éditions Pierre Tisseyre, qui l’ont publié en 2013. «Je me disais: tant qu’à l’écrire, tant mieux si je suis publiée. L’objectif de tous les auteurs est d’être lus le plus possible. Plein de gens ont pu en profiter, pas juste mon fils.»

Elle a aussitôt eu la piqûre pour l’écriture. «Je me suis rendu compte que c'est quelque chose que j'aimais faire. Voir les yeux de mes enfants en lisant mon roman, c'était vraiment magique. J’ai trouvé mon X. J'ai décidé de quitter mon travail et d'écrire à temps plein. J’avais plein d’idées. C’est comme ça que j’ai fait le saut», raconte l’ancienne éducatrice à la petite enfance.

Sa nouvelle carrière a pris rapidement son envol. «Ça s’est fait progressivement, mais ç’a monté très, très vite. Les projets se sont enchaînés à une vitesse fulgurante.»

Après avoir d’abord voulu plaire à son fils, elle a répété avec succès l’expérience pour sa fille.

«Ensuite, j’ai alterné. J'essaie de publier autant pour les garçons que pour les filles. Mais on ne se cachera pas que les garçons lisent moins que les filles, donc ça peut se répercuter dans les ventes. Ce sont des choix qu'il faut faire quand on décide à quelle clientèle on veut s'adresser», indique-t-elle.

Son pari a clairement fonctionné: les garçons ont accroché par milliers aux aventures de Ti-Guy La Puck, un passionné de hockey qui habite à Bâton-sur-Glace. Plus de 300 000 exemplaires ont trouvé preneur.

«"Ti-Guy", c’est un très beau succès. Je peux dire que c'est mission accomplie. C'est la série de livres pour laquelle je reçois le plus de messages de parents qui me disent: "mon enfant n'aimait pas la lecture, mais grâce à Ti-Guy, il a découvert le plaisir de lire, il les dévore, j’ai vu ses notes augmenter en classe". Je suis vraiment fière du parcours de mon cher Ti-Guy!»

Les enfants d’abord

Geneviève Guilbault a même été «victime» de son succès. À la demande de parents, elle a ajouté à son catalogue deux séries de livres sur l’univers de Ti-Guy La Puck.

«Les parents m’écrivaient en grande quantité pour me dire: "mon enfant a vieilli, il lit maintenant ça en deux heures, est-ce que tu pourrais écrire une série avec Ti-Guy pour les plus vieux avec plus de texte?" Alors j’ai démarré la série "Ti-Guy La Puck 2.0", puis la série "Ti-Guy La Puck junior" à la demande des parents qui me disaient que le petit frère ou la petite sœur aimerait ça aussi lire "Ti-Guy La Puck". J’essaie vraiment d’être à l’écoute.»

D’ailleurs, si elle est l’idole littéraire de nombreux enfants, c’est peut-être parce qu’ils sentent qu’elle se soucie vraiment d’eux.

«Je m'inspire beaucoup des jeunes. C'est super important pour moi. Mon objectif en tant qu'auteure, c'est de faire lire les jeunes, de leur permettre de découvrir quels sont leurs goûts. Je suis très à l'écoute de leurs besoins et de leurs intérêts. Je suis toujours en train de me demander ce que j'aurais le goût de lire si j'étais un enfant et ce que les enfants d'aujourd'hui ont le goût de lire.»

La Drummondvilloise de 46 ans est aussi souvent près d’eux physiquement, que ce soit dans les classes ou dans les salons du livre.

«Quand je vais dans les classes, je dis souvent aux jeunes: si tu n'aimes pas lire, c'est peut-être juste parce que tu n’as pas trouvé le genre de littérature qui te passionne, donc continue d'explorer parce qu’il y a tellement de diversité. En essayant moi-même de me diversifier le plus possible, ça me donne plus de chances d'aller toucher les jeunes.»

Avec plus d’un million de copies vendues à son actif, on peut certainement affirmer qu’elle a réussi à rallier un vaste public.

De quoi rendre fière son éditrice, Manon Bergeron. «Il y a beaucoup de concurrence en littérature jeunesse. On tire notre épingle du jeu en se renouvelant, se félicite-t-elle. Le défi est de se réinventer et de créer des livres dynamiques et de qualité, avec des concepts innovateurs qui rejoignent les jeunes lecteurs.»

Sébastien Auger, La Presse Canadienne

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