La guerre du vin entre l’Alberta et la Colombie-Britannique semble toucher à sa fin

EDMONTON — Les premiers ministres de l'Alberta et de la Colombie-Britannique ont annoncé mardi un accord d’un an permettant à nouveau aux Albertains de commander directement du vin provenant de plus de 300 établissements vinicoles de la Colombie-Britannique, sous condition que l'Alberta puisse en percevoir les taxes applicables.

Le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, s’est dit reconnaissant de cet accord.

Il a mentionné que l’impasse avec l’Alberta avait affecté le secteur vitivinicole de sa province au même moment où celle-ci était également secouée par les impacts des conditions météorologiques extrêmes. L’industrie a connu deux années de pertes de récoltes en raison de vagues de chaleur et de froid record.

«C’est une bonne nouvelle pour eux à un moment où ils en ont vraiment besoin», a souligné M. Eby.

Les tensions avaient débuté en janvier. Alberta Gaming, Liquor and Cannabis — l’agence qui réglemente la vente d’alcool dans la province en contrôlant la distribution en gros — avait annoncé qu’elle n'importerait plus de vin des producteurs de la Colombie-Britannique qui contournaient son autorité pour faire de la vente directe.

L’agence avait déclaré que ceux qui proposaient l’expédition directe aux consommateurs allaient à l’encontre des lois de l’Alberta et avaient un impact sur l'argent versé au fonds des revenus généraux.

Le gouvernement de l’Alberta avait indiqué que toutes les expéditions de vin provenant de la Colombie-Britannique et destinées directement aux consommateurs avaient été interrompues. Cela a aussi provoqué une réticence du public des deux côtés de la frontière provinciale.

«Beaucoup d’Albertains aiment le vin de Colombie-Britannique, alors nous avons entendu dire qu’ils voulaient avoir une solution. Et nous avons également entendu directement les vignobles, qui, je pense, sont vraiment en difficulté», a reconnu Danielle Smith, première ministre de l'Alberta.

Elle a mentionné qu’elle prévoyait créer d’ici quelques mois un «entrepôt virtuel» pour collecter les frais des ventes directes de vin.

D’ici là, a annoncé Mme Smith, l’Alberta utilisera un système papier pour suivre les ventes. Elle a dit qu’elle faisait confiance aux établissements vinicoles de la province voisine pour percevoir et remettre ce qu’ils doivent.

M. Eby a souligné qu’il faudrait quelques mois aux deux provinces pour harmoniser leurs systèmes de réglementation, mais qu'il était important d’envoyer un message clair.

L'organisme Vignerons de la Colombie-Britannique (Wine Growers British Columbia) a salué cette annonce, affirmant qu’elle apportait de la stabilité à l’industrie. Cela ouvre la porte aux touristes albertains pour passer des commandes après avoir visité des établissements vinicoles.

«La fin du Stampede de Calgary marque le début officieux de l’été, lorsque les visiteurs de l’Alberta affluent en Colombie-Britannique, bon nombre d’entre eux incluent une visite dans leurs établissements vinicoles préférés de la province », a mentionné Miles Prodan, président et chef de la direction de Vignerons de la Colombie-Britannique, dans un communiqué de presse.

Ce changement permet aussi l’accès aux clubs de vin et à des produits qui pourraient ne pas être disponibles chez Alberta Gaming, Liquor and Cannabis, a noté l’organisation.

Vignerons de la Colombie-Britannique estime que les ventes directes aux consommateurs de l’Alberta représentent moins de 3 % des ventes de vin entre l’Alberta et la Colombie-Britannique. Mais l'organisme a précisé que ces ventes demeuraient essentielles pour l’industrie.

La présidente et directrice générale de la Chambre de commerce du Grand Vancouver, Bridgitte Anderson, a exprimé dans un communiqué sa gratitude envers les deux provinces qui ont travaillé pour maintenir leur relation de libre-échange.

Lisa Johnson, La Presse Canadienne