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La grève à Postes Canada empêche une femme de bien faire son deuil

durée 16h18
29 novembre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

Une Québécoise dont le père est décédé en Colombie-Britannique le mois dernier a déclaré que sa famille n'a pas pu faire son deuil correctement parce que la grève de Postes Canada a laissé sa dépouille dans l'incertitude.

Emily Walstrom a expliqué que les cendres de son père avaient été envoyées par courrier avant que les employés de Postes Canada ne se mettent en grève le 15 novembre.

Ce jour-là, Mme Walstrom a reçu un avis de Postes Canada l'informant qu'il y aurait un retard dans la réception de la dépouille de son père en raison d'une «interruption de travail».

Elle a déclaré qu'une conversation avec un représentant du service à la clientèle de Postes Canada cette semaine lui avait laissé un sentiment à la fois de tristesse et de colère.

«Ils sont incapables de me dire où se trouvent ses cendres actuellement [...] ils n'ont pas la capacité de savoir où elles ont abouti, s'est plainte Mme Walstrom. Ses cendres sont-elles garées quelque part à l'arrière d'un camion de Postes Canada? [...] Je ne sais même pas dans quelle province il se trouve à ce stade.»

Dennis Walstrom est décédé le 23 octobre à Surrey, en Colombie-Britannique, de complications liées à une maladie pulmonaire. L'homme de 65 ans était originaire du Manitoba et voulait que sa dépouille soit enterrée là-bas, à côté de l'un de ses frères.

Emily Walstrom voyageait à l'étranger au moment du décès, mais elle avait pris des dispositions pour que sa dépouille soit incinérée à Surrey et envoyée par la poste à L'Île-Perrot, à l'ouest de Montréal, où elle vit. Mme Walstrom prévoyait d'apporter la dépouille à Winnipeg pour une inhumation décente.

Elle a déclaré avoir reçu une notification d'une maison funéraire le 12 novembre indiquant que les cendres de son père avaient été envoyées et qu'elle devrait les recevoir le 20 novembre. Elle a également reçu un numéro de suivi indiquant la même chose.

Lorsqu'elle a vérifié le 13 novembre, il a été indiqué que l'article était en transit vers Richmond, en Colombie-Britannique.

Deux jours plus tard, quelque 55 000 travailleurs ont dressé des piquets de grève partout au pays après l'impasse des négociations contractuelles avec leur employeur.

Aucune solution de la part de Postes Canada

Mme Walstrom a témoigné que, même si les représentants de Postes Canada ont fait preuve de compassion, ils n'ont pas été en mesure de proposer des solutions à sa famille.

«C'est vraiment difficile de faire le deuil de la façon dont tout s'est déroulé, car il y a du chagrin mêlé de colère, a-t-elle indiqué. J'ai peur que ses cendres ne parviennent pas jusqu'ici.»

Postes Canada a affirmé qu'il s'agissait d'une situation difficile.

«Malheureusement, la décision du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes de déclencher une grève nationale signifie que nous ne sommes pas en mesure de traiter ou de livrer des articles», a indiqué la porte-parole Lisa Liu dans un courriel.

«Tout le courrier et les colis du réseau postal ont été sécurisés et seront livrés selon le principe du premier arrivé, premier servi une fois les opérations reprises. Cependant, la grève nationale continuera d'avoir des répercussions sur le service aux Canadiens bien après la fin de la grève.»

L'un des principaux enjeux des négociations a été la volonté d'étendre les livraisons de colis pendant la fin de semaine, mais le syndicat et Postes Canada ne s'entendent pas sur la façon de procéder.

La société d'État n'a pas répondu aux questions de suivi sur le nombre d'autres plaintes qu'elle a reçues de personnes dans des situations similaires à celle de Mme Walstrom.

Un des seuls à le faire

Les personnes qui travaillent dans le secteur funéraire affirment qu'elles ne sont pas surprises, car Postes Canada est l'un des seuls grands expéditeurs à accepter les restes incinérés.

«Les restes incinérés sont uniques. Il s'agit d'un être cher, donc les entreprises ne sont pas en mesure de le remplacer si l'envoi est perdu», a expliqué Bradd Tuck, directeur général de la British Columbia Funeral Association.

«De nombreuses entreprises n'accepteront pas ce niveau de risque.»

M. Tuck a déclaré avoir entendu parler de membres confrontés à des retards dans les services funéraires et à des urnes bloquées en transit. Il a ajouté que lorsque les négociations de grève ont commencé, de nombreux directeurs de pompes funèbres ont retardé l'envoi des restes incinérés, mais cela n'a pas toujours été possible.

Brett Denning, ancien président de l'Ontario Funeral Home Association, a déclaré que l'envoi de restes incinérés par Postes Canada est une mesure d'économie pour les familles qui pourraient autrement devoir parcourir de longues distances pour se rendre au crématorium.

Il a déclaré que les salons funéraires n'étaient probablement pas au courant de la menace d'une grève postale, car ils sont occupés à gérer leurs opérations quotidiennes.

«En tant qu'entrepreneurs, nous nous attendons à ce que les autres entrepreneurs fassent ce qu'ils ont promis de faire et ce pour quoi ils sont engagés. Je dirais que c'est là que réside la frustration.»

MM. Denning et Tuck ont noté que l'expédition par Postes Canada était fiable avant la grève.

M. Denning a recommandé à Postes Canada d'attribuer un statut spécial aux restes incinérés afin de les rendre rapidement identifiables dans le système de l'entreprise.

Mme Walstrom a reconnu qu'il n'y avait peut-être pas grand-chose à faire pour sa famille, mais espère qu'à l'avenir Postes Canada apportera des changements à la façon dont elle traite les restes incinérés.

«Si elle doit assumer la responsabilité de la gestion des restes humains, alors elle doit assumer l'entière responsabilité de l'ensemble du processus.»

Brittany Hobson, La Presse Canadienne