La faiblesse du dollar change les habitudes des voyageurs canadiens cette saison
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Par La Presse Canadienne, 2024
Depuis quelques années, Julia Wilson et sa mère planifient une escapade annuelle à New York pour la fin de semaine de son anniversaire. Généralement, elles en profitent pour faire du magasinage et sortir au restaurant.
Les célébrations pour ses 28 ans cette année ont été un peu ennuyeuses, s'est-elle déçue. Comme de nombreux Canadiens qui s'aventurent au sud de la frontière, elle a fait face à un taux de change qui l'obligeait à constamment calculer et limiter ses dépenses.
«Le dollar américain est si élevé de nos jours pour nous, les Canadiens, que ça ne me semblait pas vraiment utile de dépenser plus que nécessaire», explique Mme Wilson.
Le dollar canadien a oscillé autour des 70 cents US ces dernières semaines, une baisse qui marque son plus bas niveau en près de cinq ans.
Dans cette optique, Mme Wilson trouve qu'il ne valait pas la peine de faire autant de magasinage pendant son voyage cette année.
«Dans le passé, je priorisais quelques boutiques à New York dans la façon dont nous planifions nos déplacements, s'est-elle rappelée. Comme je savais que les prix étaient tellement gonflés, je n’avais pas la même motivation pour y aller cette année.»
Selon un sondage de la Banque de Montréal réalisé cet automne, 79% des Canadiens prévoyaient réduire leurs dépenses pour les Fêtes cette année, y compris en ce qui concerne les vacances.
Près d’un tiers d’entre eux ont affirmé que le coût d'un voyage à l'international – y compris les billets d’avion, l’hébergement et l’essence – était désormais trop élevé pour leur budget. Environ 45 % ont pour leur part indiqué que les voyages ont baissé en priorité, maintenant qu'ils doivent surveiller leurs dépenses au quotidien.
«(Le coût des) choses, comme nous le savons tous, a augmenté. Si on tient compte du dollar américain, on a besoin de 40 % de plus que ce qu'on croyait précédemment, en faisant une simple comparaison entre les dollars», a souligné Gayle Ramsay, responsable des services bancaires courants et de la croissance de la clientèle à la Banque de Montréal.
Les «snowbirds» continuent leur migration
Un segment de voyageurs canadiens qui ne semble pas se laisser décourager par les projets de voyage aux États-Unis cette saison est celui des «snowbirds», qui choisissent des destinations chaudes comme la Floride pour y passer les mois d'hiver.
L'Association canadienne des snowbirds s'attend à ce que la plupart de ses 115 000 membres s'envolent temporairement pour profiter du soleil aux États-Unis cette saison, comme ils le font chaque année.
«Le marché des «snowbirds» a tendance à être plus résistant aux fluctuations monétaires que le marché du voyage traditionnel. Ces personnes possèdent généralement des maisons dans leurs destinations hivernales et ont souvent aussi établi des liens dans ces communautés», a expliqué le porte-parole, Evan Rachkovsky.
«Ils ont déjà investi une somme d'argent importante, la plupart du temps, dans l'entretien de ces propriétés hivernales, ce qui fait qu'ils finissent généralement par voyager.»
M. Rachkovsky pense tout de même que de nombreux hivernants canadiens seront confrontés à des choix plus difficiles quant à la façon dont ils dépensent leur argent, par rapport aux années précédentes.
«Dans ces cas-là, la meilleure façon pour les snowbirds d'atténuer la faiblesse du dollar est de modifier leurs dépenses discrétionnaires. Les sorties au restaurant, les parties de golf et autres sorties sont toujours les premières dépenses réduites dans ces situations où le dollar est affecté.»
Certains pourraient également choisir de réduire le nombre de jours passés dans le Sud en raison du coût de l'assurance médicale de voyage, qui dépend de la durée du voyage et peut être «assez exorbitant» aux États-Unis, a-t-il ajouté.
Sammy Hudes, La Presse Canadienne