La Dre Theresa Tam préoccupée par la grippe aviaire à l'aube de 2025
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Par La Presse Canadienne, 2024
TORONTO — À l’aube de 2025, la Dre Theresa Tam a les yeux rivés sur la grippe aviaire H5N1, un virus émergent qui a fait son premier cas humain au Canada cette année.
Au même moment, l’administratrice en chef de la Santé publique du Canada surveille de près la rougeole, un virus qui a été éliminé au pays il y a plus de deux décennies, mais qui connaît une résurgence accélérée.
Le virus H5N1, une souche de virus de la grippe aviaire hautement pathogène transmise par les oiseaux sauvages, est en hausse dans le monde entier. Il a décimé des fermes avicoles au Canada et infecté des troupeaux de vaches laitières dans plusieurs États au sud de la frontière.
Toutefois, sa propagation aux humains est particulièrement inquiétante.
«Ce qui m’inquiète particulièrement, c’est que ce virus a démontré sa capacité à provoquer toute une série de résultats cliniques, allant de l’infection asymptomatique… jusqu’à de rares cas de maladie grave», a déclaré Mme Tam, lors d’une entrevue de fin d’année le 18 décembre.
«C’est donc quelque chose sur lequel nous devons vraiment être très vigilants.»
Le seul patient canadien atteint du virus H5N1, un adolescent de Colombie-Britannique, était gravement malade et hospitalisé en novembre. Les autorités sanitaires de la province n’ont toujours pas pu déterminer comment l’adolescent a été infecté.
Personne d’autre n’a contracté le virus, a indiqué Mme Tam, ce qui est encourageant, car cela suggère qu’il n’y a pas encore eu de transmission interhumaine.
Bien que le risque pour le grand public soit toujours considéré comme faible, il y a eu au moins 65 cas humains confirmés aux États-Unis en 2024, principalement parmi les travailleurs agricoles. La plupart des cas ont été bénins, avec une conjonctivite parmi les symptômes.
Sensibiliser le grand public
Mais le jour même de l’entrevue de Mme Tam avec La Presse Canadienne, les autorités sanitaires ont annoncé le premier cas de maladie grave aux États-Unis – une personne de plus de 65 ans en Louisiane qui avait été en contact avec des oiseaux malades dans un élevage de basse-cour.
«(Cela) me dit que nous devons faire une sensibilisation importante non seulement aux fermes avicoles commerciales, par exemple, mais aussi aux personnes qui élèvent des poulets ou d’autres oiseaux de basse-cour», a indiqué Mme Tam.
«Ces oiseaux de basse-cour sont exposés à des oiseaux sauvages porteurs de ce virus H5N1.»
Il est important de sensibiliser tous ceux qui élèvent des oiseaux au Canada, et pas seulement les fermes commerciales, au port d’équipement de protection individuelle et à la prise de mesures de biosécurité, a-t-elle soutenu.
Mme Tam a dit qu’il est également temps de sensibiliser davantage le grand public à la grippe aviaire.
«Nous devons manipuler les oiseaux malades ou morts (ou) d’autres animaux avec beaucoup de précautions», a-t-elle fait valoir.
«En cas de doute, ne touchez pas et appelez votre vétérinaire local ou l’autorité de santé publique afin de savoir quoi faire si vous avez des oiseaux ou des animaux morts dans votre jardin ou votre cour.»
Augmentation des cas de rougeole et de coqueluche
Mais ce ne sont pas seulement les nouvelles maladies qui inquiètent Mme Tam.
«Il y a une augmentation de la circulation d’un certain nombre de maladies évitables par la vaccination comme la rougeole, comme la coqueluche», a-t-elle précisé.
Mme Tam a affirmé qu’il y a eu près de 170 cas de rougeole au Canada en 2024, contre 59 cas l’année dernière.
De nombreux cas sont liés à une importante épidémie qui a débuté à l'automne au Nouveau-Brunswick et qui s'est depuis propagée à des personnes en Ontario par le biais de voyages, a-t-elle expliqué.
La majorité des personnes touchées n'avaient pas été vaccinées.
Les enfants peuvent être particulièrement touchés par la rougeole, a-t-elle précisé. Un enfant de moins de cinq ans est décédé en Ontario cette année, quelque chose que «nous n'avions pas vu depuis très longtemps», a dit Mme Tam.
«Ce sont des rappels vraiment incroyables de la raison pour laquelle nous devons continuer à nous faire vacciner.»
La plupart des parents n'ont jamais vu la rougeole et ne se rendent peut-être pas compte de la gravité de la maladie, car des «vaccins très efficaces» protègent les enfants contre la rougeole depuis des décennies, a indiqué Mme Tam.
La rougeole a été déclarée éliminée au Canada en 1998. Les cas depuis lors peuvent généralement être attribués à une personne qui a voyagé et a ramené le virus d'un autre pays - puis il se propage à ceux qui ne sont pas vaccinés.
«C'est un virus tellement infectieux qu'il recherchera toutes les personnes non vaccinées», a déclaré Mme Tam.
«C'est une maladie grave. Les enfants tombent très malades et doivent parfois être hospitalisés.»
La coqueluche fait également son retour après avoir été contrôlée par la vaccination pendant des années, a indiqué Mme Tam.
Elle peut rendre les jeunes enfants très malades et les professionnels de la santé l'appellent souvent la «toux des 100 jours».
Mme Tam a affirmé que l'un des facteurs susceptibles de provoquer la résurgence de la rougeole et de la coqueluche est la perturbation des vaccinations de routine des enfants pendant la pandémie de COVID-19. Malgré les programmes de «rattrapage», «nous ne sommes toujours pas revenus aux niveaux de couverture vaccinale d'avant la pandémie».
La COVID-19 à surveiller
En ce qui concerne la COVID-19 elle-même, Mme Tam a déclaré que le virus continue d'évoluer et de se propager, mais qu'il n'a pas établi de schéma prévisible comme la grippe saisonnière ou le virus respiratoire syncytial (VRS).
La grippe commence à augmenter et l'activité du VRS est élevée, mais le nombre d'infections à la COVID-19 a diminué depuis l'automne, a précisé Mme Tam.
«Nous ne les voyons pas se rassembler en une seule grande ”triple épidémie” comme nous l'avons vu il y a deux ans.»
Il n’en demeure pas moins qu’une hausse de la COVID-19 est possible cet hiver, et les personnes âgées et celles qui souffrent de maladies chroniques sous-jacentes sont encore particulièrement vulnérables aux maladies graves, a rappelé Mme Tam.
Se laver les mains, porter un masque et rester à la maison en cas de maladie, ainsi que se faire vacciner à jour, continuent de servir de «couches de protection» contre les virus en circulation, a-t-elle déclaré.
— Avec des informations de l’Associated Press.
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Nicole Ireland, La Presse Canadienne