La défense demande l'absolution inconditionnelle de Tamara Lich

OTTAWA — L'avocat de Tamara Lich, coorganisatrice du «convoi de la liberté», a avancé jeudi que sa cliente devrait bénéficier d'une absolution inconditionnelle, car elle et son coaccusé Chris Barber ont tenté d'atténuer les effets de la manifestation sur le centre-ville d'Ottawa.

Cette décision signifierait que Mme Lich n'aurait pas de casier judiciaire.

L'avocat Lawrence Greenspon a soutenu que sa cliente et M. Barber ont pris des mesures «sans précédent» en collaborant avec la police et les autorités municipales tout au long de la manifestation pour en limiter l'impact.

«Il s'agit d'une personne qui est arrivée dans cette ville avec les meilleures intentions, comme l'a reconnu la juge. Elle est soumise à des conditions strictes de libération sous caution depuis trois ans et demi. Elle a passé 49 jours en prison pour méfait», a souligné Me Greenspon.

«Et si l'on considère l'impact positif qu'elle a eu sur la vie de nombreux Canadiens et le service communautaire qu'elle a continué d'accomplir, il n'y a absolument aucune raison pour qu'elle ne bénéficie pas d'une absolution inconditionnelle», a-t-il ajouté.

Mme Lich et M. Barber ont tous deux été reconnus coupables de méfait en avril pour leur rôle dans la manifestation du convoi, qui a vu des militants occuper une grande partie du centre-ville d'Ottawa pendant trois semaines à partir de la fin janvier 2022 pour protester contre les obligations vaccinales et autres mesures liées à la pandémie.

La Couronne requiert une peine d'emprisonnement de sept ans pour Mme Lich et de huit ans pour M. Barber, qui a également été reconnu coupable d'avoir conseillé à autrui de désobéir à une ordonnance du tribunal.

L'avocate de Chris Barber, Diane Magas, demande également une absolution inconditionnelle pour son client, car il est en liberté sous caution depuis trois ans et demi sans incident.

Me Greenspon a été parfois ému en lisant des dizaines de lettres de soutien soumises au nom de sa cliente. Il a lu des messages de personnes qui ont déclaré que la manifestation du convoi leur avait redonné espoir après deux ans de pandémie de COVID-19 et de mesures de santé publique connexes que certains ont perçues comme une intervention excessive du gouvernement.

«Tamara Lich et Chris Barber ont défendu leurs convictions et ce que des milliers de personnes à travers le pays n'étaient pas capables de défendre. Et ces personnes ont été inspirées», a-t-il soutenu.

La procureure de la Couronne, Siobhain Wetscher, doit répondre aux observations de la défense jeudi après-midi avant que la juge Heather Perkins-McVey de la Cour de l'Ontario n'entame ses délibérations.

Lors de ses observations sur la peine, Mme Wetscher a mentionné mercredi qu'elle réclamait des peines sévères pour Mme Lich et M. Barber en raison des dommages considérables causés à la communauté par les trois semaines de manifestations de 2022 au centre-ville d'Ottawa.

Elle a précisé qu'elle réclamait de longues peines non pas en raison des convictions politiques de Mme Lich et M. Barber, mais en raison de leurs actions pendant la manifestation.

Même si les deux organisateurs étaient venus à Ottawa avec de nobles intentions, ils ont continué d'encourager les gens à participer aux manifestations, même lorsqu'il leur était devenu impossible d'ignorer les conséquences de ces manifestations sur les résidents et les commerces du centre-ville, selon Mme Wetscher.

Me Greenspon a affirmé jeudi qu'il était «facile et inexact» d'affirmer que la proposition de peine de la Couronne n'était pas motivée par les intérêts politiques de sa cliente. Il a ajouté que Mme Lich avait continuellement appelé les manifestants à rester pacifiques et qu'elle ne pouvait être tenue responsable des actes des personnes présentes lors de la manifestation.

David Baxter, La Presse Canadienne