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La décision de Trump d'annuler les protections des personnes trans inquiète au Canada

durée 19h34
20 janvier 2025
La Presse Canadienne, 2024
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — À peine investi de ses nouvelles fonctions, le président américain Donald Trump a annoncé lundi qu’il signerait des décrets annulant les protections accordées aux personnes transgenres, une décision qui est jugée inquiétante au nord de la frontière.

L’un des décrets stipulera que le gouvernement fédéral ne reconnaîtra que deux sexes – l’homme et la femme – dont la définition sera basée sur le fait que les personnes naissent avec des ovules ou du sperme, plutôt que sur leurs chromosomes.

«C’est décourageant, je ne vois pas comment autant de personnes dans la population peuvent se rallier derrière ce type de politique qui n’a pas d’impact sur leur propre vie», a réagi Martin Blais, professeur titulaire au Département de sexologie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et titulaire de la Chaire de recherche sur la diversité sexuelle et la pluralité des genres.

«Je suis très attristé de voir ce que les personnes lesbiennes, gaies, trans, queers et non-binaires américaines vivent aujourd’hui. On ne peut que leur envoyer beaucoup de solidarité», a témoigné de son côté le président de la Fondation Émergence, Patrick Desmarais.

Les deux hommes n'ont toutefois pas été surpris de cette annonce qui se profilait déjà depuis quelque temps.

«Au niveau des droits humains, on voit des reculs qui viennent autant de la Cour suprême des États-Unis que là par les décrets de M. Trump à son premier jour de mandat», a expliqué M. Desmarais.

De son côté, M. Blais craint que le discours véhiculé par le président américain ait des conséquences directes sur les personnes transgenres, «qui finissent par avoir très peur de perdre des droits, de perdre l’accès à des soins de santé, de perdre aussi leur emploi parce qu’on ouvre la porte à toute sorte de discrimination qui ne sera plus punie».

Il a par ailleurs indiqué que plusieurs études menées aux États-Unis ont montré que la remise en question de cette protection juridique est associée à une hausse des symptômes de détresse, de dépression et d'anxiété.

Le 47e président compte également mettre fin aux programmes des agences fédérales qui visent à favoriser la diversité, l'équité et l'inclusion, une décision qui risque de toucher bien plus que les personnes transgenres, selon M. Desmarais.

«Ce sont non seulement les personnes LGBTQ+, mais beaucoup d’autres personnes qui vont être touchées par ce changement important. Des gens qui sont sous-représentés dans notre société», a-t-il rappelé.

Pas à l'abri au Canada

Si le Canada peut compter sur des protections garanties par la Charte canadienne des droits et libertés, ce n'est pas pour autant que les membres des communautés LGBTQ+ sont à l'abri, ont alerté les deux hommes.

«Il ne faut pas présumer que nos chartes de droit au Québec et au Canada nous protègent dans le temps d’un changement», a souligné le président de la Fondation Émergence.

«On a vu qu’il y a des cours suprêmes dans d’autres pays qui ont changé de vent et qui sont maintenant beaucoup plus conservatrices et ont été en mesure par certaines façons d’interpréter la loi à enlever des droits», a-t-il précisé.

Pour M. Blais, il est clair qu'il «faut rester vigilant, car la lutte pour les droits est une lutte continue».

«Quand un vent de droite souffle sur un pays, il ne faut pas se surprendre qu’on ait des dommages collatéraux dans d’autres pays», a conclu M. Desmarais.

Audrey Sanikopoulos, La Presse Canadienne

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