La chaleur a un impact sur la femme enceinte et son bébé
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Une exposition à la chaleur est associée à plusieurs risques pour la santé de la femme et du fœtus pendant la grossesse, ainsi qu'à la santé du bébé après la naissance, prévient une nouvelle méta-analyse.
Les auteurs de cette analyse ont ainsi trouvé une association entre une exposition à la chaleur et des troubles hypertensifs, des problèmes de diabète et des saignements pendant la grossesse. Les vagues de chaleur ont aussi été associées à une augmentation des hospitalisations des femmes enceintes, toutes causes confondues.
Les chercheurs ont également constaté une association entre une exposition à la chaleur et une augmentation du risque de mortinaissance. Plus précisément, le risque de mortinaissance augmentait de 14 % pour chaque hausse d'un degré Celsius. Une association un peu moins robuste a été mesurée entre une exposition à la chaleur et le risque d'anomalies congénitales.
Enfin, en ce qui concerne les nouveau-nés, le risque de naissance prématurée est celui pour lequel les auteurs de la méta-analyse ont constaté l'association la plus solide avec une exposition à la chaleur. Cette exposition a aussi été associée à un risque plus important de petit poids à la naissance et d'hospitalisation, de morbidité et de décès du nouveau-né.
«C'est une étude très intéressante sur un sujet dont on ne discute pas assez souvent», a réagi le docteur François Audibert, qui est obstétricien-gynécologue au CHU Sainte-Justine.
Cela étant dit, tempère-t-il, «il y a beaucoup d'hétérogénéité non seulement dans les études (qu'ils ont regroupées), mais aussi dans les résultats. Les auteurs reconnaissent d'ailleurs qu'il y a un risque important de différents biais».
Il cite en exemple une comparaison qui serait faite entre des pays du Nord et des pays du Sud. Au-delà des différences évidentes de température, divers facteurs socio-économiques pourraient aussi bien évidemment avoir une influence sur la santé de la mère et de son bébé.
Des études précédentes avaient elles aussi témoigné d'une association entre une exposition à la chaleur et une augmentation du risque de décès prématuré, rappelle le docteur Audibert.
«Quand une patiente arrive avec des contractions prématurées, une des premières choses que les équipes font, c'est de réhydrater les patientes parce qu'on sait que la déshydratation de la maman peut être un facteur qui augmente les contractions par différents mécanismes», a-t-il expliqué.
En ce qui concerne les malformations congénitales, a ajouté le docteur Audibert, «c'est pas mal plus difficile d'affirmer la causalité». Des études laissent toutefois croire que la chaleur pourrait interférer avec la formation de l'embryon au début de la grossesse.
«Mais les études sont hétérogènes, a-t-il précisé. On ne va pas dire, 'oups, il fait chaud, ton bébé va être malformé'. Il ne faut pas arriver avec un message d'alarme. C'est une étude parmi d'autres, même si elle est publiée dans un très gros journal (médical).»
Il n'y a toutefois rien d'étonnant à ce que Nature Medicine ait décidé de publier cette étude, estime le docteur Audibert, qui y voit une décision au moins partiellement «politique» à un moment où le réchauffement climatique est sur toutes les lèvres.
«Évidemment il y a un lien avec le réchauffement planétaire, a conclu le docteur Audibert. C'est une pierre de plus dans la longue liste des impacts potentiellement négatifs sur notre santé du réchauffement de notre planète, ça c'est indiscutable.»
Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne