La cérémonie s'est déroulée à Moncton, entre chansons et performances théâtrales


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Les funérailles d’Antonine Maillet se sont déroulées samedi à Moncton, dans la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption. Entre chansons et performances théâtrales, des proches et dignitaires se sont succédé pour célébrer la vie de cette grande femme de lettre acadienne, décédée le 17 février à l'âge de 95 ans.
La cérémonie a commencé à 11h (heure locale) lorsque les cendres de Mme Maillet ont été transportées dans l’église, mais deux heures auparavant, les gens faisaient déjà la file pour lui rendre un dernier hommage.
Plusieurs dignitaires de la classe politique ont assisté aux obsèques de cette étoile de l’Acadie, dont la première ministre de la province, Susan Holt et Robert Gauvin, ministre de la Sécurité publique et ancien comédien du pays de la Sagouine.
Le sénateur René Cormier, maître de cérémonie, a été le premier à prendre la parole. Après s’être demandé «quelle phrase utiliser» pour témoigner de cette femme plus grande que nature, il a décidé d'employer les propres mots de Mme Maillet en récitant sa Lettre à un jeune artiste acadien, accompagné d'une musique douce.
La lieutenante-gouverneure du Nouveau-Brunswick, Louise Imbeault, est ensuite revenue sur les nombreux costumes que Mme Maillet a enfilés au cours de sa vie: la professeure de littérature, l’auteure influente, la conférencière et surtout, la pionnière.
L'écrivaine, originaire du Nouveau-Brunswick, est devenue en 1979 la première non-Européenne et la seule auteure canadienne à recevoir le prestigieux prix Goncourt, pour son roman «Pélagie-la-Charette», comme l'a souligné Mme Imbeault dans son discours.
«Bien des premières ont illuminé la vie de Mme Maillet. Parmi celles-ci, elle a été la première femme à assumer le rôle de chancelier de l’Université de Moncton. Chancelier ou chancelière, allez savoir, ce qui est certain, c’est que Mme Maillet à joué ce rôle avec toute la conviction et le panache qu’on lui connaît», a raconté la lieutenante-gouverneure.
«Mme Maillet, c’est tout un peuple, aussi diversifié que vos personnages, qui vous saluent et qui vous disent merci.».
Puis, ce fut au tour de la chanteuse acadienne et grande amie d'Antonine Maillet, Édith Butler, de rendre hommage en vidéo à celle qui a donné naissance au personnage phare de la Sagouine.
«Antonine, c’est un géant. Un géant, parce que seulement les géants peuvent faire accomplir à un peuple et à une culture des pays aussi gigantesque», s’est exclamée celle qui n’a pu être présente sur place en raison d’un conflit d’horaire.
Édith Butler a brossé le portrait d’une femme aussi pétillante qu’engagée, et ce, jusqu’à ces derniers instants.
«La dernière fois que je l’ai vue, c’était pour sa fête de 95 ans (...) Elle s’est levée debout, droite, elle a parlé pendant 20 minutes sans jamais se tromper, elle avait la tête claire, c’était toujours la petite fille de 5 ans», s’est-elle rappelée.
«Antonine, mon maître, mon mentor, mon amie, bon voyage, a dit Édith Butler, avant que sa voix ne craque. Merci pour tout ce que tu as fait pour l’Acadie, je t’aime»
Auteure prolifique, Antonine Maillet a écrit plus de 12 pièces de théâtre et plus d'une vingtaine de romans. Elle a publié en 1958 sa première pièce, «Poire-Acre», et son premier roman, «Pointe-aux-Coques». Son œuvre se veut une célébration de la langue et du patrimoine des Acadiens.
Sa pièce «La Sagouine», jouée pour la première fois en 1971 par Viola Léger, a connu un immense succès. Le roman «Pélagie-la-Charette», qui lui a valu le Goncourt, a rendu l'auteure célèbre en France. Le livre a été vendu à plus d'un million d'exemplaires.
Pour revisiter les grands moments de sa carrière littéraire, les comédiens du Pays de la Sagouine — le parc thématique de Bouctouche inspiré de l’univers artistique de Mme Maillet — ont interprété, tour à tour, des extraits de la Sagouine, de Pélagie-la-Charrette et de Lettres de mon phare. La troupe s’est ensuite rassemblée pour chanter à l’unisson «c’est un pays imaginaire que nous avons bien mérité».
Samira Ait Kaci Ali, La Presse Canadienne