L'Université de Montréal se met en branle pour recruter des chercheurs américains


Temps de lecture :
3 minutes
Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — L'Université de Montréal voit une occasion d'attirer des scientifiques américains alors que les États-Unis font des coupes importantes dans divers champs de recherche, dont la santé. Elle annonce une campagne de 25 millions $ pour recruter des chercheurs de haut niveau au sud de la frontière, mais aussi plus largement à l'international.
Pour l'instant, 12 millions $ ont été récoltés, dont 8,7 millions $ de la Fondation Courtois. La nouvelle initiative philanthropique lancée mercredi fait partie d'une plus vaste campagne, baptisée «L'Heure est brave», qui vise à amasser un milliard de dollars.
Les 25 millions $ serviront entre autres au processus de recrutement, dans des domaines de recherche de l'université, tels que les secteurs de la santé, nature et technologie, des sciences humaines et sociales. L'enveloppe permettra aussi de renforcer et pérenniser les programmes qui permettent d'attirer des chercheurs.
«Ça va servir également à recruter des chercheurs postdoctoraux, c'est-à-dire des gens qui sont en formation complémentaire entre leur PhD et, pour ceux qui s'y destinent, un poste académique, qui est une transition de carrière qui est souvent un petit peu délicate et pour laquelle on n'a pas à l'heure actuelle de mécanisme existant au Canada», explique le vice-recteur désigné à la recherche et à l’innovation de l’Université de Montréal, Vincent Poitout.
«Donc, on souhaite appuyer des stages postdoctoraux dont certains pourront éventuellement se transformer ensuite en un recrutement de professeurs», précise-t-il.
Une partie des sommes sera aussi allouée aux départements de recherches qui seraient affectés par le définancement qui sévit aux États-Unis. Rappelons que l'administration Trump a réduit le financement et le personnel de plusieurs agences, dont le Centers for Disease Control and Prevention (CDC) et le National Institutes of Health (NIH).
«Les coupes aux États-Unis ne concernent pas que la santé, tient à spécifier M. Poitout. La National Science Foundation a subi aussi des coupes assez considérables, [...] c'est vrai aussi pour les autres agences américaines qui financent des projets de recherche qui peuvent être dans différents secteurs. Tout ce qui concerne le financement par exemple de projets sur l'identité de genre, l'équité et la diversité sont des projets qui ne sont pas forcément en santé, mais plus dans le domaine des sciences sociales et qui sont concernés aussi par les coupes aux États-Unis.»
Rapatrier les Canadiens et les Québécois
M. Poitout explique que les chercheurs canadiens ou québécois qui sont partis à l'étranger sont plus faciles à recruter pour l'université, entre autres parce qu'il n'y a pas d'enjeux d'immigration. «Ils sont peut-être plus enclins à vouloir revenir au Canada ou au Québec que des gens qui ne seraient pas du tout d'ici. Donc, oui, c'est sûr qu'on s'intéresse à ces gens-là», indique-t-il.
L'Université de Montréal s'est déjà fait approcher par des candidats. «On a été contacté par plusieurs personnes, puis je sais que mes collègues dans les autres universités au Québec et au Canada, plusieurs l'ont été aussi, dit-il. Plusieurs groupes de recherche ont été directement contactés par leurs collègues. [...] Il y a des contacts très actifs, et c'est dans ce contexte que notre initiative philanthropique s'inscrit aussi», dit le vice-recteur.
«C'est une conjonction de facteurs. On a été contacté par des philanthropes canadiens qui souhaitaient contribuer à cet effort de rapatriement ou de recrutement. On a été contacté par des personnes qui souhaitaient explorer la possibilité de venir ou de revenir au Québec.»
L'Université de Montréal n'a pas que les États-Unis dans la mire, mais elle croit que le contexte actuel sera favorable au recrutement. M. Poitout a donné l'exemple d'un chercheur qui était au NIH et qui a quitté son poste «parce qu'il considérait qu'il ne pouvait plus conduire ses activités de recherche avec une liberté et une autonomie suffisante». L'université est en discussion avec ce dernier.
—
Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.
Katrine Desautels, La Presse Canadienne