L'UdeM recherche des aînés pour son offre de logement intergénérationnel
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Ayant de plus en plus de difficulté à trouver des logements abordables pour ses étudiants, l'Université de Montréal se tourne désormais vers l'hébergement intergénérationnel, une option appréciée des jeunes, mais plus difficile à implanter auprès des aînés.
L'université — qui propose déjà des résidences sur son campus et met à disposition une banque de ressources pour se trouver un logement — a lancé en novembre dernier un partenariat avec l'organisme Combo2Générations pour aider à jumeler des étudiants avec des aînés.
Cette nouvelle option permet «d’offrir des solutions d’hébergement potentiellement économiques, mais aussi favorables au bris de l’isolement qui est vécu par notre population étudiante», a expliqué Isabelle Brasseur, directrice, Accueil et intégration, aux Services aux étudiants de l’Université de Montréal.
Si plusieurs jeunes lèvent la main lorsque ce type de logement leur est proposé, peu de jumelages ont été réalisés jusqu'à présent en raison du manque de personnes âgées prêtes à tenter l'expérience.
«Je pense qu’il y a peut-être des préjugés envers les jeunes, des craintes d’avoir un étranger dans la maison. Ce n’est pas tout le monde qui est prêt à accueillir quelqu’un qu’il ne connaît pas, même si c’est un étudiant qui va l’aider», a reconnu Denise Tessier Trudeau, cofondatrice de Combo2Générations avec sa belle-fille Isabelle Caze.
Les deux femmes ont créé leur organisme en 2017 après avoir eu vent d'un concept similaire en France. Elles proposent trois formules avec différents niveaux de service d'aide à l'aîné qui vont venir déterminer le prix du loyer à payer.
Des étudiants peuvent ainsi être hébergés gratuitement s'ils s'engagent, par exemple, à être présents les soirs et certaines fins de semaine ou débourser de 300 à 500 $ de loyer par mois, selon l'accord trouvé avec l'aîné.
Un bassin d'opportunités
Au-delà de la question économique, l'hébergement intergénérationnel peut aussi aider les étudiants directement dans leur parcours universitaire.
«Ce qu’ils souhaitent à travers cette expérience-là, c’est aussi parfois mieux se préparer à intervenir auprès des personnes aînées, que ce soit à travers des programmes de travail social, en sociologie, en ergothérapie, en médecine ou en soins infirmiers», a souligné Mme Brasseur.
«Ce sont des opportunités parfois pour eux de mettre à profit les connaissances qu’ils acquièrent», a-t-elle ajouté.
Cette contribution sociale peut aussi être bénéfique pour les aînés au-delà du simple service rendu, a mentionné de son côté Mme Tessier Trudeau.
Une personne âgée avait notamment approché l'organisme parce qu'elle devait faire face à l'augmentation de son loyer, mais qu'elle n'était pas prête à partir dans une résidence privée pour aînés (RPA). Une autre a réussi à faire face à une dépression à la suite d'une séparation grâce aux encouragements d'une étudiante qu'elle avait accueillie.
«Ce sont des gens qui vivent des situations particulières, il n’y en a pas un pareil», a rappelé Mme Tessier Trudeau.
Jusqu'à présent, deux jumelages sont actifs entre un aîné et un étudiant de l'Université de Montréal. Un troisième est en préparation pour septembre prochain, ce qui encourage Mme Brasseur.
«[Les jumelages] qui sont réalisés sont vraiment porteurs et bien appréciés tant par les personnes aînées que par les étudiants qui y participent, donc on pense que c’est prometteur, a-t-elle soutenu. Je pense que c’est vraiment une habitude peut-être à créer ou une sorte de culture à implanter de partage intergénérationnel.»
Audrey Sanikopoulos, La Presse Canadienne