L'ISQ constate une hausse marquée des troubles mentaux chez les jeunes du secondaire
Temps de lecture :
3 minutes
Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Bien que l’on parle beaucoup des problèmes des garçons à l’école, au niveau secondaire ce sont les filles qui présentent le plus haut taux de troubles mentaux, à l’exception des troubles déficitaires de l’attention, où l’on retrouve une plus forte proportion de garçons.
Les données de l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire, dévoilées mercredi par l’Institut de la statistique du Québec, font état d’une croissance importante des troubles mentaux confirmés par des professionnels de la santé entre 2010-2011 et 2022-2023.
L’écart entre filles et garçons se manifeste particulièrement dans la prise de médicaments alors qu’on apprend que 8 % des étudiantes ont pris des médicaments pour des symptômes d’anxiété ou de dépression, comparativement à 3,8 % des garçons. Du côté de la médication pour les symptômes de troubles déficitaires d’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/TDAH), 19 % des garçons y ont eu recours contre 12 % chez les filles.
Progression inquiétante
Quant à l’évolution des troubles mentaux chez les jeunes du secondaire, sans égard au sexe, la progression a de quoi soulever des inquiétudes. Les troubles anxieux, qui touchaient 9 % des jeunes en 2010-2011, en atteignent maintenant 20 % en 2022-2023. La proportion de jeunes atteints de dépression est passée de 4,9 % en 2020-2011 à 7 % en 2022-2023. Quant au TDA/TDAH, la proportion a presque doublé, passant de 13 % en 2010-2011 à 25 % en 2022-2023.
Bien que l’on pourrait avoir tendance à attribuer une part de ces hausses à la pandémie, cette troisième étude démontre que les augmentations dans tous les cas furent beaucoup plus importantes entre 2010-2011 et 2016-2017 qu’entre 2016-2017 et 2022-2023.
Écoanxiété et estime de soi
Pour la première fois, l’enquête a mesuré l’écoanxiété des jeunes du secondaire, c’est-à-dire l’anxiété spécifiquement causée par les diverses menaces environnementales, pour découvrir que 34 % d’entre eux n’en ressentent pas du tout, 41 % en ressentent parfois, 17 % en ressentent souvent et 8 % toujours ou presque toujours.
Là aussi, les filles sont plus affectées que les garçons, les sentiments d’écoanxiété étant vécus souvent ou presque toujours par 37 % d’entre elles comparativement à 14 % des garçons.
Elles sont aussi plus nombreuses à vivre des problèmes d’estime de soi, mais l’estime de soi est en baisse chez les garçons aussi. Pour les deux sexes, la proportion d’élèves qui affichent un niveau élevé d’estime de soi a baissé, passant de 20 % en 2010-2-11 à 12 % en 2022-2023. Chez les filles, elles étaient 15 % à avoir un niveau élevé d’estime de soi en 2010-2011 et ne sont plus que 7 % en 2022-2023. Et si un plus grand nombre de garçons ont un niveau d’estime de soi élevé, leur proportion a tout de même chuté de 25 % en 2010-2011 à 16 % en 2022-2023.
Beaucoup d'écrans, peu de sexualité
Les données publiées mercredi nous apprennent par ailleurs qu’un élève du secondaire sur quatre passe habituellement 4 heures ou plus par jour devant un écran pour les communications et les loisirs et que près de la moitié d’entre eux (48 %) dorment habituellement moins que la durée recommandée durant la semaine d’école. Dans les deux cas, les filles sont plus nombreuses à passer plus de temps devant les écrans et à ne pas dormir suffisamment.
Les jeunes sont par ailleurs de moins en moins nombreux à avoir des relations sexuelles, la proportion de ceux ayant eu au moins une relation sexuelle consensuelle passant de 37 % en 2010-2011 à 33 % en 2016-2017, puis à 30 % en 2022-2023. La proportion de ceux-ci ayant utilisé des moyens de contraception demeure toutefois stable.
Enfin, les jeunes sont moins enclins qu’ils ne l’étaient à avoir des comportements imprudents ou rebelle. Environ le quart (26 %) des jeunes du secondaire ont adopté en 2022-2023 au moins une conduite imprudente ou rebelle au cours de l’année avant l’enquête (sortir une nuit complète sans permission, se faire interroger par la police, s’enfuir de la maison). Cette proportion est significativement plus faible que les 36 % de 2010-2011.
La baisse est aussi présente, mais beaucoup moins marquée en ce qui a trait aux conduites délinquantes (délits contre les biens, actes de violence envers les personnes, appartenance à un gang qui a enfreint la loi): 37 % des élèves en ont adopté au moins une au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête, comparativement à 41 % en 2010-2011.
Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne