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L'intelligence artificielle pourrait aider à dépister le cancer du sein

durée 11h11
10 janvier 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — L'utilisation de l'intelligence artificielle pour analyser des mammographies a permis de détecter un cas de cancer du sein de plus pour chaque millier de dossiers analysés, ont récemment annoncé des chercheurs allemands.

Au total, l'IA a mis en évidence 204 cas de cancer du sein qui auraient été autrement ratés par l'analyse humaine, ont précisé les auteurs de l'étude. Il est possible que d'autres cas aient été ratés quand le radiologue a jugé qu'il n'était pas pertinent de réviser des images signalées par l'IA, ajoutent-ils.

La mammographie, a commenté le docteur Matthew Seidler, le chef de la section d'imagerie du sein au département de radiologie du CHUM, «est la seule modalité de dépistage qui a démontré qu'elle réduisait la mortalité due au cancer du sein».

«Mais ce n'est pas un examen parfait, a-t-il rappelé. La sensibilité de la mammographie est d'environ 87 %. Et on sait que c'est un test qui est moins performant chez les femmes qui ont une densité élevée (...). Alors il y a des limites à la mammographie, d'où l'idée que l'utilisation de l'IA pourrait augmenter la performance de cet examen non seulement pour trouver plus de cancers, mais aussi pour qu'il y ait moins de fausses alarmes.»

L'étude a porté sur quelque 500 000 femmes qui participaient à un programme de détection du cancer du sein en Allemagne. Ce programme prévoit que toutes les images seront lues par deux radiologues. Si l'un des deux détecte une anomalie, les images sont envoyées à un troisième spécialiste.

Les auteurs de l'étude ont voulu savoir quelle contribution l'IA pourrait apporter à ce processus. Sans l'aide de l'IA, les médecins ont détecté six cas de cancer du sein pour chaque millier de patientes étudiées. Avec l'IA, ce sont sept cas qui ont été détectés, soit une hausse de 17,6 %.

On a aussi constaté moins de résultats faux positifs dans le groupe IA, à savoir des résultats qui portent à soupçonner un cancer, mais qui se révèlent éventuellement n'être qu'une fausse alarme.

Cela suggère «que l'IA pourrait améliorer la détection du cancer (...) en détectant plus tôt les cancers détectés lors du cycle suivant de dépistage, dont certains sont visibles rétrospectivement sur les mammographies d'un cycle de dépistage antérieur», ont écrit les auteurs de l'étude dans le journal Nature Medicine.

Même si ces résultats sont prometteurs, a dit le docteur Seidler, il faut garder en tête que l'utilisation de l'IA pour dépister le cancer du sein, notamment au CHUM où il travaille, demeure «embryonnaire». Pour le moment, les outils en place servent principalement à améliorer la qualité des images.

On ne peut pas non plus tenir pour acquis que les résultats obtenus en Allemagne seraient reproduisibles au sein d'autres populations, a-t-il souligné, y compris au Québec et au Canada.

«On entend parfois que, dans le futur, certaines tâches vont être entièrement effectuées par des logiciels, a dit le docteur Seidler. Mais je pense que les algorithmes d'intelligence artificielle vont plutôt aider et soutenir la performance des radiologues, pour pouvoir aider plus de patientes.»

On consacre aussi beaucoup d'efforts au développement d'outils capables d'identifier les patientes les plus à risque, a-t-il ajouté. Certains algorithmes d'intelligence artificielle peuvent par exemple prévoir qu'une patiente, en fonction des résultats de sa mammographie, présente un risque très élevé de cancer du sein au cours des cinq prochaines années.

«Mais pour une autre patiente, on n'est pas inquiets qu'elle développe un cancer du sein, donc peut-être que cette patiente pourrait être dépistée aux deux ou trois ans au lieu de chaque année», a conclu le docteur Seidler.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne

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