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L'entente sur Churchill Falls ne fait pas l'unanimité à Terre-Neuve-et-Labrador

durée 09h51
5 janvier 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

SAINT-JEAN — L'entente entre le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador au sujet de Churchill Falls et de Gull Island ne fait pas l'unanimité dans la province atlantique.

Par exemple, une cinquantaine de personnes ont participé jeudi à une assemblée publique du NPD afin d'obtenir des réponses sur cette entente qualifiée d'historique par le gouvernement provincial.

Plusieurs ont fait état de leur doute quant à savoir si Terre-Neuve-et-Labrador ne pouvait pas obtenir plus de concessions du gouvernement québécois et d'Hydro-Québec. Certains ont affirmé qu'il ne fallait pas répéter les erreurs du passé.

«C'est si important qu'il faut prendre notre temps et tout faire correctement, a lancé George Power, s'attirant les applaudissements de la foule. J'ai dit au premier ministre Andrew Furey qu'il devrait avoir honte de temps de nous faire avaler ça. Et si on le laisse faire, honte à nous!»

L'Assemblée législative reprendra lundi ses activités. Un débat aura lieu au sujet de l'entente, un peu plus de trois semaines après son annonce. Certains observateurs estiment que l'opposition et la population n'ont pas eu le temps nécessaire pour l'étudier et se préparer en conséquence.

L'entente a été annoncée le 12 décembre en grande pompe lors d'une conférence de presse des premiers ministres Furey et François Legault. Le Terre-Neuvien était fier comme un paon, devant la foule de libéraux provinciaux qui l'applaudissaient.

Les Québécois paieront en moyenne 30 fois plus cher pour l’électricité du barrage terre-neuvien de Churchill Falls, au Labrador, pendant les 50 prochaines années, mais cela ne devrait pas avoir d’impact sur les tarifs.

En mettant fin ainsi au contrat dès 2025, Hydro-Québec paiera 9 milliards $ de plus jusqu'en 2041, en vertu de la nouvelle entente. La société d'État versera au total 33,8 milliards $ au consortium de Churchill Falls jusqu’à la fin de 2075, selon l’entente de principe.

Des «ajustements» pourraient être nécessaires après les négociations avec les communautés autochtones, a laissé entendre le président-directeur général d'Hydro-Québec, Michael Sabia, dans une conférence de presse à Montréal.

En échange, le Québec aura accès à 7200 MW additionnels pour combler ses besoins.

Le protocole d'entente a été publié, mais il n'est pas facile à comprendre. Les détails sont peu abondants, forçant certains observateurs à tenter de combler les vides eux-mêmes. Les deux sociétés d'État ont publié des données différentes sur le projet. Hydro-Terre-Neuve-et-Labrador affirme que l'information qu'elle a donnée reflète ce qu’Hydro-Québec paiera pour l'énergie provenant de Churchill Falls, tandis que les données d'Hydro-Québec montrent ce que ses clients vont payer.

Hydro-Terre-Neuve-et-Labrador présentera une série de webinaires pour expliquer l'entente, ceux-ci se dérouleront plusieurs semaines après le débat à l'Assemblée législative.

En attendant, le gouvernement provincial a lancé une campagne de promotion mettant en vedette des ouvriers portant des casques de travail et des slogans comme «nos emplois, notre argent, notre énergie».

«Nous faisons face à une propagande sophistiquée, a lancé Byron Button», présent à la réunion publique de jeudi. Il a exhorté le chef du NPD, Jim Dinn, à collaborer avec les progressistes-conservateurs pour poser toutes les questions nécessaires à l'occasion du débat qui s'ouvre lundi.

«Cela nécessitera une grande préparation. Et on n'a pas beaucoup de temps», a-t-il déploré.

Au cours d'une assemblée publique virtuelle organisée par les progressistes-conservateurs, Kristina Ennis a dit avoir l'impression que le gouvernement ne veut pas que la population comprenne l'entente.

«Tout ce qu'il nous dit, c'est de lui faire confiance», a écrit Mme Ennis dans un commentaire lu par un modérateur.

Aussi bien M. Dinn que Tony Wakeham, le chef du Parti progressiste-conservateur, ont réclamé un examen indépendant de l'entente. Cette demande a reçu un bon accueil lors des deux assemblées publiques. Les gens ont rappelé le désastreux projet hydro-électrique de Muskrat Falls qui n'a été complété qu'en 2023 après de nombreux retards et dépassements de coût. La province peine encore à payer la facture.

Les autorités ont indiqué que de nombreuses firmes indépendantes, comme J.P. Morgan ont conseillé le gouvernement pendant les négociations. Des représentants de ces firmes doivent participer au débat.

M. Dinn dit préférer entendre des experts qui n'ont pas participé au processus.

«Si c'est aussi formidable que tout le monde le dit, tant mieux, a-t-il lancé à la foule, jeudi. J'espère sincèrement qu'il s'agit d'un tournant pour la province, mais j'ai besoin de la vision d'un œil neuf et objectif.»

Sarah Smellie, La Presse Canadienne

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