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L'acupuncture semble soulager efficacement les douleurs sciatiques

durée 11h23
23 octobre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Des traitements d'acupuncture semblent soulager efficacement les douleurs sciatiques, indique une nouvelle étude chinoise qui compterait parmi les plus rigoureuses jamais réalisées sur le sujet.

Les patients soignés en acupuncture pour une douleur sciatique chronique ont en effet présenté moins de douleur à la jambe et une meilleure fonction que les membres du groupe contrôle qui avaient été soumis à une simulation de traitement d'acupuncture.

«C'est clairement le geste d'acupuncture lui-même qui a soulagé les patients, a réagi la docteure Anne-Marie Pinard, la cheffe du service de douleur chronique au CHU de Québec-Université Laval. Ça ajoute une autre corde à notre arc pour aider les gens qui souffrent de douleurs chroniques.»

Les auteurs de la plus récente étude ont recruté un peu plus de 200 patients. La moitié des participants ont reçu, au cours de quatre semaines, dix véritables traitements d'acupuncture, et l'autre moitié a reçu dix traitements simulés.

Les chercheurs ont évalué l'état de santé des participants après deux, quatre, huit, vingt-six et cinquante-deux semaines.

Les membres des deux groupes ont rapporté une amélioration de la douleur ressentie à la jambe et au dos à chaque reprise, mais les membres du groupe ayant reçu les véritables traitements s'en tiraient mieux à chaque fois. Les membres du premier groupe ont aussi semblé avoir besoin de moins d'analgésiques pour soulager leur douleur.

Les différences entre les deux groupes demeuraient statistiquement significatives même à la 52e semaine.

«Compte tenu de l'ampleur de l'effet constaté dans cet essai, l'acupuncture doit être considérée comme une option de traitement potentielle pour les patients souffrant d'une douleur sciatique chronique causée par une hernie discale», écrivent les auteurs.

Les améliorations rapportées par le groupe ayant reçu le traitement simulé étaient possiblement attribuables à l'effet placebo (bien connu) ou tout simplement à une amélioration naturelle et normale des symptômes.

Les douleurs sciatiques sont causées par un dommage ou une pression sur le plus gros nerf du corps humain, le nerf sciatique. Les patients se plaignent notamment d'une douleur, d'une faiblesse ou d'un engourdissement du bas du corps. Il s'agit d'une condition médicale qui peut être extrêmement invalidante. On prescrit habituellement des analgésiques et de la physiothérapie aux patients, et une chirurgie peut être envisagée dans les cas les plus extrêmes.

Les maux de dos en général, a rappelé la docteure Pinard, comptent parmi les principales causes d'invalidité et d'absence au travail. Malheureusement, l'accès à la réadaptation au Québec est tellement difficile que des conditions qui devraient être prises en charge dès le départ finissent par se chroniciser, a-t-elle déploré.

«On pourrait sauver une partie (des patients) si on donnait accès à des services de réadaptation plus tôt», a estimé la docteure Pinard.

Dans ce contexte, a-t-elle ajouté, des études rigoureuses comme celle-ci ne peuvent que faciliter le dialogue entre les médecins occidentaux et les praticiens de ces médecines dites «alternatives».

«Ça ne demeure pas très naturel de communiquer, disons, entre médecins et acupuncteurs, même si on voit de plus en plus ça, a-t-elle souligné. Je pense qu'on a intérêt à travailler plus ensemble.»

Il serait entre autres intéressant d'étudier la synergie qui pourrait exister entre des traitements comme l'acupuncture et des «approches plus actives de réadaptation, d'éducation, où les gens vont se mettre en action», a-t-elle dit.

L'acupuncture, a rappelé la docteure Pinard, «fait partie du grand chapiteau de la médecine traditionnelle chinoise qui était là bien avant que nos facultés de médecine existent».

«Alors j'ai beaucoup de misère à dire qu'on traite des gens comme ça depuis des milliers d'années, puis tout d'un coup, nous, la médecine plus récente, on va aller dire que c'est tout mauvais? Je ne pense pas que c'est tout mauvais, je pense qu'on a à apprendre d'eux et à collaborer avec eux», a-t-elle conclu.

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal médical JAMA Internal Medicine.

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Sur internet:

www.gerermadouleur.ca

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne