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Justin Trudeau affirme avoir eu une «excellente conversation» avec Trump en Floride

durée 12h14
30 novembre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré samedi avoir eu une «excellente conversation» avec Donald Trump dans son club de Mar-a-Lago, après que la menace du président élu d’imposer des tarifs douaniers importants sur deux des principaux partenaires commerciaux des États-Unis a suscité l’inquiétude à Ottawa et à Mexico.

Il n’était pas clair, alors que M. Trudeau rentrait au Canada depuis la Floride, si la conversation avait apaisé les inquiétudes de M. Trump.

Une personne au courant des détails de la réunion organisée à la hâte entre les dirigeants vendredi soir a déclaré qu’il s’agissait d’un «souper positif et varié qui a duré trois heures». Le responsable, qui n’était pas autorisé à discuter de la question publiquement et qui a parlé à l’Associated Press sous le couvert de l'anonymat, a affirmé que les sujets comprenaient le commerce, la sécurité des frontières, le fentanyl, la défense, l’Ukraine, l’OTAN, la Chine, le Moyen-Orient et les pipelines, ainsi que la réunion du Groupe des sept (G7) au Canada l’année prochaine.

Le président élu républicain a menacé d’imposer des tarifs douaniers sur les produits du Canada et du Mexique si les pays ne mettent pas fin à ce qu’il appelle le flux de drogues et d'immigrants à travers leurs frontières. Il a soutenu qu’il imposerait une taxe de 25 % sur tous les produits entrant aux États-Unis en provenance du Canada et du Mexique, l’un de ses premiers décrets exécutifs lorsqu’il prendra ses fonctions en janvier.

Alors qu’il quittait son hôtel de West Palm Beach, M. Trudeau s’est brièvement arrêté pour répondre à la question d’un journaliste sur la rencontre, affirmant qu’il s’agissait d’une «excellente conversation». L’équipe de transition de M. Trump n’a pas répondu aux questions sur ce que les dirigeants avaient discuté.

M. Trump, au cours de son premier mandat de président, a déjà qualifié M. Trudeau de «faible» et de «malhonnête», mais c’est le premier ministre canadien qui a été le premier dirigeant du G7 à rendre visite à M. Trump depuis l’élection du 5 novembre.

«Les tarifs douaniers sont un enjeu crucial pour le Canada et une décision audacieuse s'imposait. C'était peut-être un risque, mais un risque qui en valait la peine», a déclaré Daniel Béland, professeur de sciences politiques à l'Université McGill.

Parmi les convives, se trouvaient Howard Lutnick, le choix de M. Trump pour le poste de secrétaire au Commerce, le gouverneur du Dakota du Nord Doug Burgum, en lice pour diriger le ministère de l'Intérieur, et Mike Waltz, le choix de M. Trump pour être son conseiller à la sécurité nationale. M. Trudeau était accompagné du ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, dont les responsabilités incluent la sécurité des frontières, et de Katie Telford, la cheffe de cabinet de Trudeau.

Des discussions pour éviter une guerre tarifaire

M. Trudeau avait déclaré plus tôt vendredi qu'il réglerait le problème des tarifs en discutant avec M. Trump. La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum avait affirmé la veille, après avoir parlé avec M. Trump, qu'elle était convaincue qu'une guerre tarifaire avec les États-Unis serait évitée.

M. Trudeau a soutenu que M. Trump avait été élu parce qu'il avait promis de réduire le prix des produits d'épicerie, mais qu'il parlait maintenant d'ajouter 25 % au prix de toutes sortes de produits, y compris les pommes de terre de l'Île-du-Prince-Édouard.

«Il est important de comprendre que Donald Trump, lorsqu’il fait de telles déclarations, a l’intention de les mettre en pratique. Cela ne fait aucun doute», a affirmé M. Trudeau, avant son départ pour la Floride.

«Notre responsabilité est de souligner qu’il ne ferait pas seulement du tort aux Canadiens, qui travaillent si bien avec les États-Unis, mais qu’il augmenterait également les prix pour les citoyens américains et porterait préjudice à l’industrie et aux entreprises américaines», a-t-il ajouté.

Pour Nelson Wiseman, professeur émérite à l’Université de Toronto, M. Trump «n’a pas besoin d’être convaincu que de nouveaux tarifs sur les produits canadiens ne seraient pas dans l’intérêt des États-Unis. Il le sait, mais ne peut pas le dire, car cela nuirait à ce qu’il a dit publiquement. Son objectif est de projeter l’image qu’il obtient des résultats lorsqu’il parle».

Ces tarifs pourraient essentiellement faire exploser l’Accord Canada-États-Unis-Mexique que l’équipe de M. Trump a négocié pendant son premier mandat. M. Trudeau a noté qu’ils ont pu renégocier avec succès l’accord, qu’il qualifie de «gagnant-gagnant» pour les deux pays.

M. Trump a lancé cette menace de tarifs lundi en citant un afflux d'immigrants entrant illégalement dans le pays, même si le nombre à la frontière canadienne est dérisoire par rapport à celui à la frontière américano-mexicaine.

M. Trump a également parlé du fentanyl en provenance du Mexique et du Canada, même si les saisies à la frontière canadienne sont peu nombreuses par rapport à la frontière mexicaine.

Les responsables canadiens affirment qu’il est injuste de mettre le Canada dans le même panier que le Mexique, mais se disent prêts à faire de nouveaux investissements dans la sécurité des frontières.

Lorsque M. Trump a imposé des tarifs plus élevés pendant son premier mandat, d’autres pays ont réagi en imposant leurs propres tarifs de rétorsion. Le Canada, par exemple, a annoncé des milliards de nouveaux droits de douane en 2018 contre les États-Unis en réponse aux nouvelles taxes sur l’acier et l’aluminium canadiens.

Le Canada est la première destination d’exportation de 36 États américains. Près de 3,6 milliards $ de biens et de services traversent la frontière chaque jour.

Rob Gillies et Fatima Hussein, The Associated Press