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Incursion de Dr Clown dans les soins palliatifs

durée 10h16
6 novembre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — La Maison de soins palliatifs et centre de jour St-Raphaël et la Fondation Dr Clown ont récemment annoncé une nouvelle collaboration dans le but d'explorer le potentiel thérapeutique des clowns dans un contexte de soins palliatifs.

Bien que ses artistes soient associés aux enfants malades dans l'imaginaire populaire, cette incursion de la Fondation Dr Clown dans le domaine des soins palliatifs n'est pas nécessairement nouvelle, a rappelé sa cofondatrice, Melissa Holland.

«On a toujours opéré dans les CHSLD, donc auprès des personnes âgées, donc c'est sûr qu'on a vécu plusieurs moments de soins palliatifs, de fin de vie, pour les gens qui habitent dans les milieux de soins de longue durée», a-t-elle expliqué.

Deux artistes de la fondation ont souhaité «peaufiner ce moment de la vie qui est vraiment distinct» auprès de quelqu'un qui a une perte cognitive ou qui est en institution. «Qu'est-ce que cette réalité a de particulier? Est-ce qu'il y a autre chose que le clown peut aller chercher», a dit Mme Holland.

L'organisme avait mené, en 2018, un projet-pilote auprès des personnes en fin de vie dans les CHSLD, ce qui a ensuite mené à un déploiement dans différents établissements des artistes de la Fondation Dr Clown.

Les clowns thérapeutiques de Dr Clown ont visité les bénéficiaires de la Maison St-Raphaël pour la première fois en octobre 2024, et leurs visites quinzomadaires se poursuivront jusqu'en juin 2025.

La Maison St-Raphaël vient donc s'ajouter à l'Hôpital juif de Montréal, à l'Hôpital Mont-Sinaï et à l'Hôpital Marie-Clarac parmi les établissements montréalais que visitent les clowns thérapeutiques.

«C'était définitivement quelque chose qui nous intéressait et qui nous intriguait, a confié la directrice des services thérapeutiques de la Maison St-Raphaël, Véronique Després. Quand la Fondation Dr Clown nous a approchés, on était vraiment intéressés à tenter l'expérience.»

Une approche différente

C'est une chose d'entrer en relation avec un enfant malade qui, même s'il ne va pas très bien en ce moment, a de bonnes chances de rentrer à la maison un jour, a indiqué Mme Holland.

C'en est une tout autre d'entrer en relation avec un adulte dont les jours sont comptés.

«C'est un moment presque sacré, a-t-elle dit. On est toujours sensibles à la réalité de la fin de vie. Quand on cogne à la porte et qu'on demande si on peut entrer, on est très conscients qu'un refus, c'est aussi correct, que ce n'est pas un bon moment. On n'insiste pas.»

D'autant plus, a-t-elle rappelé, que les clowns de la fondation ne se présentent pas sur place vêtus de costumes psychédéliques, affublés de perruques énormes et lourdement maquillés. «On est habillés en voyageurs, comme si on accompagnait des gens qui vont partir pour le plus grand voyage de leur vie», a dit Mme Holland.

Une intervention des clowns dans un contexte de soins palliatifs «peut faire une grande différence et même donner lieu à des moments inoubliables», a confié Mme Després.

«On observe quelque chose de ludique, et même de poétique, dans leur intervention auprès de la clientèle, a-t-elle dit. Les gens pensent souvent que les soins palliatifs, c'est un milieu triste et sombre. Mais on peut rire, même en fin de vie. Je dirais même qu'il y a de la place pour la joie, et je pense que l'intervention des clowns amène ça aussi.»

Une maison de soins palliatifs, a-t-elle ajouté, «est un milieu de vie». Le simple fait de croiser les clowns dans les couloirs ou à la salle à manger «a un impact très important au sein de l'équipe».

La fin de vie est un moment tellement délicat, a dit Mme Després, qu'il ne peut pas se résumer au médecin qui arrive avec ses médicaments ou à l'infirmière qui vient prodiguer des soins de confort.

«Ça prend une approche interdisciplinaire, a-t-elle expliqué. Il faut s'imaginer une guitare avec plusieurs cordes, et chaque corde est importante pour jouer une mélodie. Les clowns seront une nouvelle corde à notre guitare.»

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne