Il y a «crise de conservation» des oiseaux dans les Prairies, selon une organisation
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Par La Presse Canadienne, 2024
La perte d'habitats naturels dans les Prairies a créé une «crise de conservation» pour des dizaines d'espèces d'oiseaux selon une organisation nationale de conservation des oiseaux.
Cette crise est illustrée dans un nouveau rapport sur l'état des oiseaux au Canada publié mardi par Oiseaux Canada en partenariat avec Environnement et Changement climatique Canada. Ce rapport est le troisième du genre. Des documents similaires ont été publiés en 2019 et 2012.
Le plus récent rapport indique que depuis 1970, l'année où des données fiables sur le dénombrement des oiseaux ont commencé à être conservées, les oiseaux vivant à temps plein ou partiel dans les prairies du Manitoba, de la Saskatchewan et de l'Alberta ont diminué de 67 %.
Ils comprennent les chevêches des terriers, les pipits de Sprague, de nombreuses espèces de moineaux et de bruants, et bien d'autres.
Les oiseaux qui vivent principalement ou uniquement dans les prairies de l'ouest ont diminué de 90 % au cours de la même période, selon le rapport.
Ian Cook, gestionnaire de la conservation des prairies pour Oiseaux Canada, a affirmé que le déclin généralisé de la population est le résultat de la destruction ou de la fragmentation des prairies par les terres cultivées et l'expansion urbaine, l'industrie énergétique et les changements climatiques.
«La perte d’habitat de prairies est principalement due à la conversion de prairies en terres cultivées, a dit M. Cook. Il est souvent peu judicieux, voire insensé, pour les agriculteurs et les éleveurs de choisir de conserver les prairies intactes et d’élever des vaches, s’ils peuvent plutôt cultiver des cultures annuelles.»
«Cela ne veut pas dire que l’agriculture est mauvaise ou facile – c’est important et difficile», a-t-il précisé.
«Mais il faut reconnaître qu’il est urgent de s’attaquer à la perte des oiseaux de prairie et de la biodiversité. C'est parce que ces prairies sont aujourd'hui l'un des habitats les plus menacés au Canada et sur la planète qu'elles sont en train de disparaître.»
M. Cook a déclaré qu'environ 1840 kilomètres carrés de prairie disparaissent chaque année dans le secteur. «Cela représente donc en moyenne un hectare de prairie toutes les trois minutes».
Le rapport indique que la population de Bruant à ventre noir a diminué de près de 95 % au cours des 50 dernières années. On estime qu'il y a 3,1 millions de Bruants à ventre noir dans le monde, dont un peu moins de 700 000 au Canada.
La chevêche des terriers est une autre espèce menacée de disparition au Canada, indique le rapport. «La chevêche des terriers était autrefois un oiseau nicheur commun dans les prairies sèches de l'Ouest canadien, mais elle est devenue très rare.»
L'estimation la plus récente de la population, en 2017, faisait état de 270 chevêches des terriers dans les Prairies. En 2006, la population était estimée entre 800 et 1600 individus.
Problèmes majeurs
M. Cook a déclaré que la perte d'habitat posait des problèmes majeurs aux oiseaux des prairies pendant la saison de nidification, car ils peuvent être plus exposés aux prédateurs qui chassent les œufs ou les oisillons, ou parce que ces oiseaux ne sont pas en mesure de trouver un endroit pour nicher.
«Le succès de reproduction de ces oiseaux diminue alors, a-t-il expliqué. C'est ce qui conduit réellement à ces pertes d'oiseaux des prairies.»
M. Cook a indiqué que l'organisation souhaite que le public comprenne la valeur des prairies, non seulement pour l'habitat qu'elles fournissent aux oiseaux, mais aussi pour leur capacité à séquestrer le dioxyde de carbone et à atténuer les inondations.
Il a ajouté que l'achat de bœuf canadien nourri à l'herbe contribue à préserver les prairies, tout comme le ferait l'action gouvernementale sur les changements climatiques.
«C’est une autre menace pour ces oiseaux: les phénomènes météorologiques extrêmes (…) provoqués par les changements climatiques.»
M. Cook a affirmé que le problème auquel sont confrontés les oiseaux des prairies pouvait être résolu.
«Ce rapport nous montre que lorsque nous comprenons vraiment bien un problème et que nous prenons des mesures délibérées et efficaces pour y remédier, nous pouvons faire des choses vraiment incroyables pour la conservation des oiseaux», a-t-il insisté, ajoutant que le rapport identifie également une augmentation des populations de sauvagine et d’oiseaux des zones humides.
«Beaucoup d’entre eux étaient au bord de l’extinction au début de ce siècle. Mais parce que nous y avons mis du nôtre et que nous y avons investi, nous avons rétabli un grand nombre de ces espèces. Et maintenant, ces groupes d’oiseaux constituent l’une des plus belles réussites en matière de conservation en Amérique du Nord.»
Jack Farrell, La Presse Canadienne