Face au changement climatique, «il est temps de passer à l’action», dit Guterres
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Le secrétaire général des Nations Unies tire, une nouvelle fois, la sonnette d’alarme face à l'urgence de répondre au changement climatique et de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 degré Celsius.
Devant un parterre de dignitaires et de chefs d'État, réunis à Bakou, en Azerbaïdjan, pour la COP29, la grand-messe des Nations Unies sur les changements climatiques, António Guterres a prévenu dès la cérémonie d'ouverture que «le temps presse».
M. Guterres a rappelé les preuves que les conséquences du changement climatique se font déjà sentir, mentionnant les inondations majeures, comme celles subies dernièrement par l'Espagne, les ouragans à répétition, les sécheresses — dont le Canada a largement fait les frais ces dernières années —, ou encore le réchauffement des océans.
«Nous sommes dans le compte à rebours final pour limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 degré Celsius, a déclaré le secrétaire général. Et le temps ne joue pas en notre faveur.»
Dans l'espoir de déclencher une prise de conscience générale, il a énormément insisté sur le fait qu'aucun pays n'est épargné et qu'«il est temps de passer à l’action», et ce, de façon équitable.
Pour limiter le réchauffement, il a notamment insisté sur l'urgence de baisser les émissions de gaz à effet de serre de 9% par an, afin qu'elles aient chuté de 43% entre 2019 et 2030. Parallèlement, le monde doit réduire de 30 % la production et la consommation de combustibles fossiles, également d'ici 2030.
Le secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies (ONU) a aussi appelé à un financement massif dans les aides aux victimes des changements climatiques, aux pays en développement qui ne peuvent financer seuls leur transition énergétique et dans le développement des énergies renouvelables, tout en faisant payer les gros pollueurs.
«Oxfam constate que les milliardaires les plus riches émettent plus de carbone en une heure et demie qu'un l'individu moyen au cours de sa vie», a pointé M. Guterres. «Les riches sont à l’origine du problème, les pauvres paient le prix le plus élevé.»
Il a mentionné le chiffre de 40 milliards $ US par an d’ici 2025 en investissement pour l'adaptation au changement climatique.
S'adressant à la fibre financière et politique de son auditoire, le chef de l'ONU a mis l'accent sur le fait qu'il s'agit d'«investissement» et non de «charité».
Il a averti que, lors de la prochaine COP, les pays devront être en mesure de présenter «de nouveaux plans d’action nationaux pour le climat à l’échelle de l’économie». «En ce qui concerne le financement climatique, le monde doit payer, ou l’humanité en paiera le prix», a insisté M. Guterres, et a exhorté les participants à la COP à trouver un accord d'ici la fin du sommet.
Les observateurs s'attendent à des négociations difficiles. Malgré 30 ans de négociations, les émissions mondiales de gaz à effet de serre n'ont jamais été aussi importantes. Environ 80 % des ressources énergétiques utilisées sur l'ensemble de la planète proviennent des carburants fossiles. Et les lobbyistes payés par les sociétés pétrolières s'inscrivent de plus en plus à la conférence, a déjà fait remarquer la directrice de l'International Climate Politics Hub, Catherine Abreu.
Le Canada devrait avoir deux grandes priorités: conclure une nouvelle entente sur le financement de l'action climatique et convaincre les autres pays de mettre en œuvre des plans ambitieux pour lutter contre les changements climatiques.
En vertu de l'accord de Paris, les pays doivent mettre à jour leurs programmes tous les cinq ans. Ces nouveaux plans devront être présentés en 2025.
M. Guilbeault a dit la semaine passée qu'il serait heureux que le Canada joue de nouveau son rôle d'établir des ponts au cours des négociations. Tout en refusant de commenter les montants à l'enjeu, il a souligné l'importance d'aider les pays en voie de développement à avoir facilement accès à du financement.
Pour autant, le Canada fait figure de cancre quant à son propre bilan climatique. Pas plus tard que jeudi dernier, le commissaire fédéral à l’environnement et au développement durable a épinglé le pays dans une série de rapports accablants.
Selon Jerry DeMarco, en 2022, le Canada n'avait réduit ses émissions de gaz à effet de serre que de 7,1%. Il relève d'ailleurs que le pays est le membre du G7 le moins performant en la matière, alors qu'Ottawa assure atteindre un taux de réduction des émissions de 40 % à 45 % en 2030 par rapport à 2005.
Le commissaire concluait son rapport en qualifiant les cibles du gouvernement fédéral de peu crédibles.
Caroline Chatelard, La Presse Canadienne