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États généraux de l’itinérance: la ministre France-Élaine Duranceau huée

durée 16h07
29 novembre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Par La Presse Canadienne, 2024

QUÉBEC — Huées, protestations et quolibets: l'allocution de la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, aux quatrièmes États généraux de l’itinérance, vendredi à Québec, a été perturbée par des acteurs du milieu.

Une déclaration de la ministre affirmant que le programme de supplément de loyer (PSL) était «peut-être un peu sous-utilisé» a provoqué des tensions dans l’assistance. On a alors entendu des voix s’élever pour contredire la ministre.

Voyant la réaction de l’assistance composée de quelques centaines de personnes, la ministre a tenté de corriger le tir en affirmant: «Je ne vous blâme pas, je dis qu'il faut qu’on adapte le programme quand c'est nécessaire.»

Le PSL permet à des ménages à faible revenu de payer un loyer correspondant à 25 % de leur revenu.

Une femme a ensuite interrompu la ministre, affirmant qu’elle savait déjà ce qu’elle avait à dire, ce qui lui a valu des applaudissements dans la salle. France-Élaine Duranceau a malgré tout poursuivi son allocution.

Mais la goutte qui a fait déborder le vase, c’est lorsque la ministre a dit que «personne ne peut être évincé au Québec dans un contexte de rénoviction». Ses propos ont soulevé une vague de protestations et de huées dans l’assistance.

«C’est une catastrophe», a lancé une femme.

Après son discours, la ministre Duranceau a quitté la scène sous des applaudissements, mais également les huées de la salle. Plusieurs quolibets ont aussi pu être entendus.

«Elle veut que j’investisse avec quoi?»

En mêlée de presse après l'événement, la ministre est revenue sur ses propos, rappelant que son gouvernement avait mis en place un moratoire sur les évictions. «C'est pas pour rien qu'on fait une campagne de publicité en ce moment. (...) Il faut que les gens soient au courant de leurs droits», a-t-elle affirmé.

«Je pense que cette réaction-là, c'est compréhensible compte tenu des difficultés que les gens vivent sur le terrain. Mais je pense qu’on a beaucoup avancé», a ajouté la ministre.

Rencontrée par La Presse Canadienne en marge de l’événement, la femme qui a interrompu la ministre, Marie-Jile Cliche, de l’organisme Clés en main, a dit que Mme Duranceau manquait «de savoir-vivre, de considération et de sensibilité».

«De dire à des gens comme moi qu’ils ont juste à investir en immobilier. Elle veut que j’investisse avec quoi?» a-t-elle lancé, faisant écho à une déclaration passée de la ministre qui a provoqué la controverse.

À l’été 2023, alors que le débat sur la limitation de la cession de bail faisait rage, France-Élaine Duranceau avait dit: «Tu ne peux pas utiliser un droit qui n’est pas le tien, de céder un bail à quelqu’un d’autre, à des termes que tu décides quand ce n’est pas ton immeuble. Le locataire qui veut faire ça, il faut qu’il investisse en immobilier et qu’il prenne les risques qui vont avec.»

La ministre était aux États généraux de l’itinérance pour annoncer, avec le ministre fédéral Jean-Yves Duclos, la sélection de 22 projets d’habitation qui résulteront en 500 logements réservés aux personnes en situation d'itinérance.

Thomas Laberge, La Presse Canadienne