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Échec libéral dans Toronto: des députés soulignent le manque de travail terrain

durée 16h48
2 juillet 2024
The Canadian Press, 2024
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4 minutes

Par The Canadian Press, 2024

OTTAWA — Les libéraux fédéraux avaient besoin d'une campagne terrain plus solide dans leur circonscription fortifiée de Toronto—St. Paul, y compris plus de temps pour faire campagne avant le vote, ont suggéré plusieurs membres du parti pour expliquer le défaite du 24 juin.

Les libéraux ont perdu leur emprise sur la circonscription détenue depuis 30 ans quand le siège a été cédé aux conservateurs lors d'une élection partielle.

Carolyn Bennett, qui représentait la circonscription pour les libéraux depuis 1997 jusqu'à sa démission en janvier, avait de profondes racines dans la région.

Leslie Church, une collaboratrice politique libérale de longue date, a perdu par environ 600 voix face au conservateur Don Stewart, un dirigeant financier.

Mme Bennett a signalé en juillet dernier qu'elle ne chercherait pas à être réélue dans la circonscription et a annoncé son intention de se retirer tôt, le 12 décembre, lorsqu'elle a prononcé son dernier discours à la Chambre des communes. Elle a officiellement présenté sa démission à la mi-janvier.

Les conservateurs ont rapidement nommé M. Stewart, en février. Alors que Mme Church avait annoncé son intention de se présenter avant même que Mme Bennett n'annonce sa démission en décembre, le parti n'a officiellement finalisé sa nomination que le 1er mai.

Dix-huit jours plus tard, le premier ministre Justin Trudeau a déclenché des élections partielles.

«Je pense que la leçon à retenir ici est qu'elle a été nommée une semaine ou deux avant le déclenchement de l'élection partielle», a déclaré la députée libérale Karina Gould, qui représente une circonscription à l'ouest de Toronto.

«Elle avait donc besoin de plus de temps pour pouvoir sortir et se faire connaître dans la circonscription.»

M. Stewart, qui a refusé une entrevue avec La Presse canadienne, a été vu sur les réseaux sociaux tout au long de l'année, faisant du porte-à-porte, assistant à des événements communautaires et parlant aux résidents de la région.

Mme Church n'a pu officiellement lancer sa campagne que quelques mois après Stewart.

Un parti devenu «paresseux»

Une résidente du quartier a déclaré qu'elle avait voté pour les libéraux, mais qu'elle était si déçue du résultat qu'elle a décidé d'écrire au parti «pour leur dire comment ils ont tout gâché».

Le parti est devenu «paresseux» en raison de la durée pendant laquelle il a occupé le siège, a lâché Andrea, qui a refusé de fournir son nom de famille.

«Nous sommes une région libérale de gauche et, d'une manière ou d'une autre, un conservateur est arrivé, donc évidemment, quelque chose a mal tourné», a-t-elle affirmé.

Des liens avec la communauté

Karina Gould a déclaré qu'il devenait de plus en plus difficile pour les candidats libéraux de faire campagne parce que les gens recherchent un changement par rapport à un gouvernement au pouvoir depuis neuf ans et ont également du mal à payer leur loyer et à mettre de la nourriture sur la table.

Cela signifie que les candidats doivent avoir des conversations plus difficiles et plus longues avec les Canadiens et s'assurer qu'ils peuvent démontrer qu'ils les écoutent.

«Je pense que (Mme Church) a fait un excellent travail, elle a tout donné, mais ce que nous avons vraiment appris, c'est qu'il y a beaucoup de frustration», a avancé Mme Gould.

Le député libéral de la Colombie-Britannique Ken Hardie, qui ne cherche pas à être réélu, a déclaré que Mme Church devait développer des racines plus profondes dans la communauté.

Alors que la candidate entretient des liens étroits avec Ottawa en tant qu'ancienne cheffe de cabinet de la vice-première ministre Chrystia Freeland, M. Stewart s'est concentré sur la promotion de ses liens avec la communauté, dans laquelle il vivait depuis 2016 avec ses deux filles.

Pour le député libéral Shafqat Ali, qui représente Brampton-Centre, cette défaite lui a montré que son parti devait faire un meilleur travail pour obtenir le vote.

Troupes démobilisées

Comme c'est généralement le cas lors d'une élection partielle, le taux de participation global n'a été que de 44%, contre 65% lors des élections générales de 2021, avec 17 000 suffrages exprimés en moins.

Malgré cela, les conservateurs ont quand même augmenté leur total de voix de près de 2 000 voix, tandis que les libéraux ont perdu plus de 11 000 voix.

M. Ali estime que le vote libéral s’est abstenu.

«Je vois que nous n'avons pas réussi à les motiver. Nous n'avons pas pu leur faire comprendre à quel point il est important de sortir et de voter», a-t-il supposé lors d'une récente entrevue avec La Presse Canadienne.

«Ils sont restés chez eux et nous devons faire davantage pour gagner leur confiance, les motiver à voter libéral et leur faire comprendre à quel point il est important que leur vote compte.»

Réflexion estivale

La défaite de Mme Church a provoqué une onde de choc parmi les libéraux, plusieurs anciens ministres réclamant ouvertement la démission du chef Justin Trudeau. Il y a des troubles au sein du caucus, mais jusqu'à présent, seul le député du Nouveau-Brunswick Wayne Long, qui ne se représente pas, a publiquement appelé à la démission de M. Trudeau.

Le Parti libéral passera l'été à réfléchir et à analyser ce qui s'est passé à Toronto—St.Paul, a réitéré Karina Gould, avant de se réunir à la fin de l'été pour une réunion du caucus national.

«Je ne vais pas prétendre que c'est un bon résultat pour nous, mais c'est aussi une opportunité pour nous de dire ce qui s'est passé, ce qui n'a pas fonctionné, que pouvons-nous apprendre et comment pouvons-nous être sûrs d'appliquer ces leçons au cours des prochaines années, alors que nous nous dirigeons vers les prochaines élections générales», a-t-elle expliqué.

Même si certains députés ont réclamé une réunion du caucus national plus tôt, Mme Gould a déclaré que l'accent doit être mis sur les discussions avec les Canadiens.

«Je pense que ce qui est important, c'est que les membres du caucus s'engagent vraiment dans leur communauté, écoutent vraiment ce qui préoccupe les gens, a-t-elle assuré. Afin que lorsque nous nous réunirons, nous puissions avoir un dialogue vraiment constructif sur ce à quoi ressemblera l'année prochaine, et quels sont nos projets.»

— avec des informations de Sheila Reid, à Toronto.

Mickey Djuric, La Presse Canadienne