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Des opposants à un projet d'usine à hydrogène souhaitent un référendum

durée 10h31
6 octobre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

QUÉBEC — «Nous, tout ce qu'on veut, c'est un référendum.»

Dany Janvier a créé une page Facebook dès le lendemain de l'annonce en novembre dernier du projet de TES Canada, pour s'opposer à cette usine d'hydrogène à Shawinigan qui serait alimentée par les propres parcs éoliens de l'entreprise, dans les municipalités avoisinantes, et par des panneaux solaires.

«Ça n'avait pas de bon sens, tout était farfelu», se remémore-t-il de cette conférence de presse.

Selon lui, un référendum doit être tenu dans l'ensemble de la MRC de Mékinac sur ce projet, mais les élus municipaux refusent.

Pour le gouvernement Legault, TES Canada constitue une des pièces maîtresses de la décarbonation du Québec, puisqu'il fournirait l'hydrogène comme substitut aux hydrocarbures dans les procédés industriels et dans le transport lourd.

Depuis novembre dernier, Dany Janvier est en croisade contre TES Canada, avec les 1300 personnes qui suivent sa page Facebook, mais aussi, à son avis, avec la majorité de la population des deux MRC de la Mauricie qui seront touchées, Mékinac et des Chenaux.

Plus de 1600 personnes ont signé une pétition déposée à l'Assemblée nationale et un groupe a manifesté sur le trajet du défilé du célèbre festival western de Saint-Tite.

Pas moins de 130 éoliennes pourraient se dresser face au vent dans les prochaines années, dans ce territoire où il n'y en a actuellement aucune. La MRC de Mékinac a déposé un projet de règlement pour encadrer leur installation, mais il a été refusé par le gouvernement du Québec et elle devra déposer une nouvelle mouture.

«On trouve ça assez grave», a commenté Dany Janvier dans une entrevue téléphonique à La Presse Canadienne diffusée dimanche.

«Les dés sont pipés d'avance, ce n'est pas une question de complot, assure-t-il. Les maires ont le même discours, il n'y a aucun respect de la population. (...) C'est un projet qu'on essaie de nous rentrer dans la gorge.»

Il accuse les élus municipaux d'être d'un «laxisme hallucinant» devant l'arrivée d'éventuels parcs éoliens.

De l'avis de M. Janvier, qui dit relayer les avis des experts, ces éoliennes menacent les nappes phréatiques en étant situées trop près des zones habituées. Elles émettraient des niveaux de bruit inadmissibles. Il réclame entre autres des données comparatives issues d'autres parcs éoliens.

«Elles vont venir écraser le paysage», a-t-il ajouté, dans un long réquisitoire.

Derrière ce qu'il estime être une apparente complaisance se cachent des conflits d'intérêts des élus, soupçonne-t-il, sans toutefois fournir de preuves concrètes.

Des conseillers municipaux possèdent des terres qui pourraient accueillir des éoliennes et donc recevoir des redevances, quand ce ne sont pas leurs proches, laisse-t-il entendre, en ajoutant que tout le monde se connaît dans ces petites municipalités.

«Nos élus sont tous dans le même clan, ils ne voient que le chèque» de redevances qui sera versé à la municipalité par les promoteurs, a-t-il lancé.

Il s'en prend notamment au maire de Saint-Adelphe, Paul Labranche, réélu sans interruption depuis 24 ans.

«Ce n'est pas bon, ça sent le conflit d'intérêts», a accusé M. Janvier.

En entrevue avec La Presse Canadienne auparavant, le maire avait maintenu son devoir de réserve et avait refusé de s'exprimer pour ou contre le projet.

Des élus soutiennent que les indécis et les partisans craignent de s'exprimer et sont réduits au silence par des opposants agressifs qui les intimident.

Dany Janvier soutient qu'il n'en est rien. Au contraire, ce sont les adversaires du projet qui subissent les «tactiques agressives» des partisans.

«C'est le Far West, ce sont des menaces... il y en a qui voulaient se battre avec moi», a-t-il relaté.

Il est catégorique. Les élus municipaux actuels n'ont pas la légitimité pour trancher l'enjeu, puisqu'ils ont été élus avant l'annonce du projet, et il faut donc un référendum.

En outre, il faut fermer la porte à cette «privatisation» de l'énergie et cette «fausse décarbonation» menée par deux familles influentes de la Mauricie, dénonce-t-il, et il nomme les Chrétien et Desmarais: la cofondatrice de TES Canada est France Chrétien Desmarais, fille de l’ex-premier ministre Jean Chrétien et épouse d’André Desmarais, de Power Corporation du Canada.

«Personne ne croit à cette usine d'hydrogène», conclut Dany Janvier.

Patrice Bergeron, La Presse Canadienne