Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Des militants conservateurs refusent de faire campagne pour le parti de Blaine Higgs

durée 12h20
23 septembre 2024
La Presse Canadienne, 2024
durée

Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

Jason Sully passe habituellement la première fin de semaine d'une campagne électorale provinciale à s'occuper de la logistique: frapper aux portes, organiser le travail des bénévoles et préparer tout le terrain pour faire élire les candidats.

Au cours des dernières années, il s'attaquait à ces tâches au nom du Parti progressiste-conservateur du Nouveau-Brunswick, qu'il soutient depuis 1998 et qui cherche à obtenir un troisième mandat consécutif. Mais M. Sully, qui a déjà travaillé pour une ancienne ministre de Blaine Higgs, a déclaré que cette année serait différente.

«Je pense que Blaine Higgs n'est pas le bon chef pour le Parti progressiste-conservateur», a affirmé M. Sully, ajoutant qu'il ne ferait pas de bénévolat pour le parti ni n'installerait de pancarte de candidat sur sa pelouse dans sa circonscription de Quispamsis, que représente actuellement le premier ministre.

Au cours de ses six années à la tête du parti, le chef conservateur a fait l'objet de critiques sur son style de leadership, notamment son penchant pour la «microgestion».

Mais ces critiques voilées ont cédé la place à une dissidence active au sein du caucus conservateur lorsque M. Higgs a annoncé des changements à la politique de la province sur l’identité de genre dans les écoles, en juin 2023. Les nouvelles règles exigent que les élèves obtiennent le consentement des parents avant que les enseignants puissent utiliser leurs prénoms et pronoms préférés à l'école.

Six ministres conservateurs se sont rangés du côté de l’opposition libérale et ont voté contre cette mesure, en demandant au Bureau du défenseur des enfants et de la jeunesse d’examiner les changements apportés à la «politique 713».

Parmi eux se trouvait Dorothy Shephard, l’ancienne patronne de Jason Sully, qui a démissionné de son poste de ministre du Développement social après avoir voté contre le projet de loi du gouvernement.

Ni Mme Shephard ni les cinq autres ministres qui ont rompu les rangs lors du vote – Trevor Holder, Jeff Carr, Ross Wetmore, Andrea Anderson-Mason et Daniel Allain – ne se représentent cette fois-ci en vue du scrutin du 21 octobre.

M. Higgs demeure une figure controversée au sein du parti. M. Sully n'est pas le seul ancien loyal conservateur qui envisage de changer d'allégeance lorsque les électeurs se rendront aux urnes dans un mois.

Marc Savoie, ancien président de l'association de circonscription de Moncton-Est, se décrit comme un progressiste-conservateur dans l'âme, mais dit ne pas pouvoir soutenir ce qu'il considère comme l'orientation «ultra-conservatrice» du parti sous la gouverne de M. Higgs.

«Je reste sur la touche cette année», a déclaré M. Savoie, qui est membre du parti depuis 40 ans. «Ce parti ne me représente pas actuellement.»

Il ne se voit pas voter pour les conservateurs cette année, a-t-il dit. Au fond de lui, il espère que M. Higgs perdra, mais «en réalité, je pense que c'est plus serré que je le souhaiterais».

Pas encore de candidats partout

Les conservateurs ont même du mal à trouver des candidats dans tous les comtés cette année: ils ont actuellement des candidats dans 44 des 49 circonscriptions de la province.

Mais Doug Williams, directeur général du Parti progressiste-conservateur, a déclaré que le parti était enthousiasmé par ces candidatures. «Ces nouveaux visages apportent une énergie et un enthousiasme nouveaux au parti, ainsi que de nouveaux bénévoles et donateurs pour alimenter notre campagne électorale», a-t-il soutenu dans un communiqué.

«Le Parti progressiste-conservateur est un parti de coalition. Il est donc naturel que des membres ne soient pas d'accord. Même si un petit nombre de personnes pourrait choisir de ne pas participer à cette élection, maintenant que la campagne est lancée, nous voyons la famille progressiste-conservatrice se rallier.»

Certains de ceux qui se sont publiquement opposés à M. Higgs restent résolument derrière le parti. Comme Daniel Allain, qui était ministre des Gouvernements locaux avant d'être démis de ses fonctions pour avoir voté contre les modifications apportées à la «politique 713».

M. Allain a affirmé la semaine dernière qu'il prévoyait de voter pour le Parti progressiste-conservateur et qu'il aidait le candidat du parti dans Moncton-Sud, Greg Turner.

«Ce parti a joué un rôle important dans ma vie. Mon soutien et mon engagement envers le Parti progressiste-conservateur du Nouveau-Brunswick sont inébranlables», a-t-il écrit.

Roger Leger, ancien directeur du parti, lavait les vitres de sa maison samedi après-midi plutôt que de se laisser emporter par la frénésie de la campagne. «Je ne sais même pas encore qui sont les candidats dans ma circonscription», a-t-il admis.

Il n'a toujours pas décidé pour qui il allait voter. «Je vote conservateur depuis près de 50 ans. Cette année, je suis confronté à un dilemme.»

L'ex-ministre Jeff Carr, pour sa part, a publié une brève déclaration disant qu'il ne «faisait campagne» pour aucun candidat cette année et qu'il restait discret sur ses intentions de vote.

John Williston, qui a démissionné en avril de son poste de vice-président régional de la circonscription de Westmorland Albert, dans la région de Moncton, a déclaré que ça lui «crevait le coeur» de ne pas participer à cette campagne.

«Malheureusement, je ne peux pas soutenir le parti à ce stade-ci», a expliqué M. Williston, qui avait tenté sans succès l'an dernier de soumettre le chef Higgs à un vote de confiance.

Hina Alam, La Presse Canadienne