Des loups capturés en Colombie-Britannique seront relâchés au Colorado
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Par La Presse Canadienne, 2024
Une équipe américaine de protection de la nature a commencé à capturer des loups gris en Colombie-Britannique pour les relâcher au Colorado.
Les électeurs de cet État ont approuvé une proposition de réintroduction de ces animaux, qui y étaient «fonctionnellement éteints» depuis 75 ans.
L'opération menée par Colorado Parks and Wildlife fait suite à un accord conclu avec le gouvernement de la Colombie-Britannique pour déplacer jusqu'à 15 loups par an au cours des trois à cinq prochaines années.
Avant l'opération de capture, des mesures ont été prises pour minimiser les conflits entre les loups et le bétail, a indiqué Colorado Parks and Wildlife dans un communiqué.
L'opération en Colombie-Britannique devrait durer jusqu'à deux semaines. L’objectif est «de rétablir et de maintenir une population de loups viable et autonome au Colorado», a déclaré l'agence, qui est une division du ministère des Ressources naturelles de l'État.
Le communiqué précise que les loups capturés en Colombie-Britannique seront testés et traités pour les maladies avant d'être relocalisés et que des colliers seront placés sur les animaux pour surveiller leurs comportements.
Les électeurs du Colorado ont approuvé en 2020 une initiative visant à réintroduire ces animaux, qui figurent sur la liste des espèces menacées de l'État en vertu de la législation fédérale américaine. Les loups gris sont considérés comme une espèce en voie de disparition ou menacée en Colombie-Britannique.
L'initiative souligne que les loups étaient historiquement «une partie essentielle de l'habitat sauvage» du Colorado, mais qu'ils ont été «exterminés et sont fonctionnellement éteints depuis 75 ans».
L'agence a commencé le processus en amenant cinq loups de l'Oregon à la fin de 2023.
«Cette nouvelle population de loups gris apportera une diversité génétique supplémentaire à la population de loups du Colorado», a affirmé le responsable du programme, Eric Odell, dans un communiqué de presse publié samedi, ajoutant que lui et ses collègues étaient «ravis» de travailler avec la Colombie-Britannique pour mettre à profit leur expérience et leur expertise combinées, «tout en garantissant la sécurité des animaux et du personnel».
Les loups de la Colombie-Britannique proviendront de régions où il n'y a pas de bétail. «Il n'y a donc pas d'inquiétude quant à la réintroduction de loups issus de meutes impliquées dans des situations de déprédations répétées du bétail», précise le communiqué.
Le programme a toutefois suscité des réactions négatives de la part des habitants du Colorado, dont dans les secteurs de l'élevage, de l'agriculture et de la chasse.
Mercredi dernier, deux jours seulement avant le début de l'opération en Colombie-Britannique, les commissaires de la faune du Colorado ont rejeté une pétition de citoyens visant à retarder le projet.
Le service des parcs et de la faune du Colorado a déclaré qu'il avait répondu aux préoccupations des pétitionnaires, notamment en ce qui concerne la prédation potentielle du bétail par les loups.
Les commissaires ont décidé de porter à 15 000 $ par animal le plafond des indemnisations pour la perte de bétail, d'animaux de garde ou de bergers.
Au moins un des loups transférés de l'Oregon en 2023 est mort d'une blessure par balle l'automne dernier.
Le 2 janvier, l'U.S. Fish and Wildlife Service a publié un communiqué de presse indiquant qu'il offrait une récompense pour toute information concernant l'abattage illégal présumé du loup au Colorado.
En septembre dernier, Jeff Davis, directeur du Colorado Parks and Wildlife, a déclaré que le loup mâle avait été impliqué dans de «multiples déprédations».
Son poids était inférieur de près de 30 % au moment de sa mort par rapport à ce qu'il était lorsque l'animal a été relâché au Colorado en décembre 2023, selon le communiqué des parcs et de la faune du Colorado.
En Colombie-Britannique, le gouvernement a fait savoir que la population globale de loups était «stable ou en augmentation» et qu'elle était estimée à 8500 individus.
En 2015, la province a commencé à abattre des loups dans le but de sauver les troupeaux de caribous menacés, un programme controversé qui consiste à tirer sur les loups depuis des hélicoptères.
Des questions pour le gouvernement
Jesse Zeman, directeur général de la B.C. Wildlife Federation, a déclaré qu'il avait des questions à poser au gouvernement de la Colombie-Britannique au sujet de la relocalisation des loups, notamment sur l'endroit où ils seront capturés, car la province n'a pas consulté son groupe au sujet du plan.
«En tant que plus grande organisation de conservation, nous nous serions attendus à être impliqués dans ce projet, mais nous ne l'avons pas été», a-t-il déploré en entrevue.
Ses principales questions portent sur le coût du programme de relocalisation, sur l’origine du financement et sur le temps que les scientifiques du gouvernement de la Colombie-Britannique y consacrent.
«Les biologistes ont actuellement un budget si mauvais qu'ils ne peuvent même pas s'acheter de téléphone!», a-t-il lancé.
«On nous dit que les inventaires ne peuvent pas être réalisés, que les projets ne peuvent pas être menés à bien, que le personnel (du gouvernement de la Colombie-Britannique) n'est pas autorisé à faire des heures supplémentaires», a-t-il ajouté.
Le ministère de la gestion de l’Eau, de la Terre et des Ressources naturelles de la province n'a pas répondu à nos questions au sujet du programme.
Brenna Owen, La Presse Canadienne