Champagne appelle les provinces à «travailler ensemble» dans le dossier des tarifs
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Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — Le ministre fédéral de l'Industrie, François-Philippe Champagne, a déclaré mercredi qu'il était convaincu que tous les premiers ministres se joindraient à une approche unifiée de «l'équipe Canada» pour faire face à la menace de tarifs douaniers de Donald Trump.
Le ministre manifeste cette confiance malgré les signes de fissures dans l'unité avant la réunion d'urgence du premier ministre Justin Trudeau avec ses homologues des provinces, mercredi après-midi.
Le président américain désigné a déclaré lundi soir dans un message sur les réseaux sociaux qu'il imposerait des tarifs de 25 % sur tous les produits importés du Canada et du Mexique jusqu'à ce que ces deux voisins mettent fin à l'immigration illégale à leurs frontières et empêchent les drogues comme le fentanyl d'entrer aux États-Unis.
Le premier ministre du Québec, François Legault, et la première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, ont tous deux déclaré que les inquiétudes de M. Trump concernant la frontière canado-américaine étaient légitimes et devaient être prises en compte par Ottawa.
À Québec mercredi matin, M. Legault a déclaré que le premier ministre Trudeau devrait présenter un plan pour rassurer le nouveau président sur la sécurité de la frontière canadienne et ne pas essayer de nier l'existence d'un problème.
Avant de se rendre à une réunion du caucus libéral, le ministre Champagne a déclaré qu'Ottawa était d'accord pour «doubler la mise» à la frontière, avec plus de ressources, et il demandait aux premiers ministres de travailler avec le gouvernement fédéral.
«Mon appel à tous les premiers ministres: travaillons ensemble, a-t-il déclaré. La meilleure façon a toujours été d'être unis et d'avoir un front uni pour faire face aux défis lorsqu'il s'agit des États-Unis.» Le ministre a ajouté: «nous sommes plus que ravis de travailler ensemble» sur les questions soulevées par M. Trump.
Réunion virtuelle à 17 h
M. Trudeau et les premiers ministres doivent tenir une réunion virtuelle à 17 h avec la vice-première ministre, Chrystia Freeland, le ministre de la Sécurité publique et des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, et l'ambassadrice du Canada aux États-Unis, Kirsten Hillman.
Les premiers ministres avaient demandé cette réunion lundi, avant que le président élu américain ne menace d'imposer des tarifs sur les marchandises en provenance du Canada et du Mexique. La Chambre des communes a tenu un débat d'urgence sur la menace mardi soir, après une demande des néo-démocrates et des conservateurs.
Mme Freeland a rappelé lors du débat que le Canada est le plus grand marché d'exportation des États-Unis, et cela comprend des produits essentiels comme le pétrole, l'électricité et les minéraux critiques. «Le Canada est essentiel à l'approvisionnement énergétique national des États-Unis», a-t-elle déclaré.
M. Trump s'est engagé à réduire de moitié les factures d'énergie américaines d'ici 18 mois, ce qui pourrait être rendu plus difficile si une prime de 25 % était ajoutée aux importations de pétrole canadien. En 2023, le pétrole canadien représentait près des deux tiers du total des importations américaines de pétrole et environ un cinquième de l'approvisionnement en pétrole des États-Unis.
La ministre Freeland a également déclaré que les forces de l'ordre et les agences frontalières des deux pays s'efforçaient de perturber le trafic de fentanyl en provenance de pays comme la Chine. «Le Canada est absolument déterminé à travailler avec nos voisins américains pour garantir que leur frontière nord soit entièrement sécurisée», a-t-elle déclaré.
Mme Freeland a souvent souligné la relation personnelle qu'elle avait cultivée avec Robert Lighthizer, l'ancien homme fort de M. Trump sur les tarifs douaniers, comme un moyen d'assurer aux Canadiens qu'Ottawa maîtrise la situation.
Mais le poste clé du représentant américain au Commerce revient cette fois à Jamieson Greer, l'ancien chef de cabinet de M. Lighthizer.
Le ministre Champagne a déclaré que M. Lighthizer avait néanmoins joué un rôle «fondamental dans l'élaboration de la politique commerciale des États-Unis» et qu'il restait l'une des voix clés en matière de commerce pour la nouvelle administration Trump.
Les oppositions réclament un plan
Le chef conservateur, Pierre Poilievre, a déclaré lors du débat en Chambre que M. Trudeau aurait dû être mieux préparé à cette menace. «Le président Trump avait dit qu'il le ferait. Il a été élu il y a trois semaines. On aurait pu penser que le premier ministre aurait pendant ce temps furieusement commencé à planifier, se préparer, rencontrer les premiers ministres et parler d'une contre-mesure», a-t-il déclaré.
«Et maintenant, on apprend que depuis que la menace s'est concrétisée, il a trouvé exactement une seule réponse: un appel Zoom.» M. Poilevre a déclaré que le Canada avait besoin d'un «vrai plan».
Le Bloc québécois a réclamé que M. Trudeau présente «une démarche claire» pour protéger l'économie québécoise, notamment celles du bois d'œuvre, de l'aluminium et de l'aérospatiale, et qu'il protège la gestion de l'offre de toute négociation commerciale. Le Bloc souhaite aussi qu'Ottawa «corrige sa passoire de frontière» d'ici l'arrivée de M. Trump à la Maison-Blanche, en janvier.
Le député néo-démocrate Blake Desjarlais a appelé le Canada à diversifier son commerce en dehors des États-Unis. Il a déclaré que le Canada devait montrer aux États-Unis et à M. Trump «que nos industries ne sont pas seulement les meilleures et produisent la meilleure qualité, mais qu'elles sont également prisées ailleurs», notamment en Europe, en Asie, en Australie et en Nouvelle-Zélande.
Kyle Duggan et Anja Karadeglija, La Presse Canadienne