Bagages de cabine payants: Ottawa convoque les PDG des compagnies aériennes

OTTAWA — Se disant «déçue» par l'imposition de frais pour les bagages de cabine et la sélection de sièges sur certains billets en classe économique, la ministre des Transports, Anita Anand, a convoqué d'ici «une dizaine de jours» le grand patron d'Air Canada et ceux d'autres compagnies aériennes.

«Je sais que c'est une décision commerciale, mais en même temps c'est une décision avec un impact négatif sur les familles canadiennes. (...) Je vais poser la question: “Pourquoi? Pourquoi est-ce que vous avez pris cette décision-là? Et pourquoi maintenant?”», a-t-elle déclaré, jeudi, en mêlée de presse peu avant la période des questions.

Questionnée à savoir si le gouvernement fédéral envisage d'intervenir, Mme Anand a expliqué qu'elle veut avoir cette conversation avant de déterminer «les prochaines étapes».

Elle n'a pas précisé quels PDG, outre celui d'Air Canada, ont été convoqués. Son équipe a indiqué à La Presse Canadienne qu'il y a également ceux de WestJet et de Porter, mais que la liste est en train d'être composée afin d'inclure les joueurs «majeurs» du secteur.

Le porte-parole conservateur en matière de transports, Philip Lawrence, a annoncé sur X qu'il déposera une motion pour convoquer en comité parlementaire le patron d'Air Canada, Michael Rousseau, et la ministre des Transports.

«Après neuf ans du chaos des voyages de Trudeau, les coûts augmentent et le service diminue», a-t-il écrit en imputant la décision au premier ministre.

«Abusif», dit le Bloc

Son homologue du Bloc québécois, Xavier Barsalou-Duval, a reproché à la principale compagnie aérienne de tenter «d'arracher chaque pièce possible au monde».

«C'est vraiment abusif, a-t-il lancé. C'est la goutte qui fait déborder le vase.»

M. Barsalou-Duval estime que le «minimum» est que le bagage en cabine soit toujours compris dans le prix du billet. Il juge qu'Ottawa devrait amender sa Charte des voyageurs de manière à encadrer les frais accessoires.

Dans le foyer de la Chambre des communes, le leader parlementaire du Nouveau Parti démocratique, Peter Julian, a reproché aux «régimes successifs, conservateurs et libéraux», de refuser de mettre en place des protections des consommateurs pour s'attaquer à «l'avarice» des compagnies.

«La réponse devrait être, et un gouvernement néo-démocrate va le faire, mettre en place des protections pour les consommateurs pour que ces frais-là ne puissent pas être ajoutés un après l'autre sans aucune réponse du gouvernement fédéral», a-t-il dit.

Mercredi, Air Canada a annoncé qu'à compter du 3 janvier, les passagers qui optent pour son tarif de base pour des voyages en Amérique du Nord et vers des destinations soleil devront enregistrer tous les sacs de sports cylindriques, les valises à roulettes ou les grands sacs à dos moyennant des frais — 35 $ pour le premier, 50 $ pour le deuxième.

Un petit article personnel comme un sac à main ou un sac pour ordinateur portable sera autorisé à bord gratuitement, comme les poussettes, les aides à la mobilité et les appareils médicaux.

La compagnie aérienne a également indiqué qu’à partir du 21 janvier, les clients ayant opté pour le tarif de base devront payer s’ils souhaitent changer le siège qui leur est attribué à l’enregistrement — une politique qu’elle avait suspendue seulement deux jours après sa mise en œuvre plus tôt cette année en raison de la réaction des voyageurs.

Air Canada a refusé une demande d’entrevue au sujet de sa nouvelle politique.

Dans un courriel, le vice-président aux communications de l’entreprise, Christophe Hennebelle, a expliqué qu’Air Canada a pris sa décision après que ses principaux concurrents ont adopté des politiques similaires dans les derniers temps.

«Il ne s'agit pas d'une nouveauté dans l'industrie canadienne, mais simplement d'un ajustement concurrentiel, et nous l'expliquerons volontiers au gouvernement s'il le souhaite», écrit-il.

M. Hennebelle a également noté qu’Air Canada offre «une vaste gamme» de tarifs, dont certains qui comprennent des bagages de cabine gratuits.

Michel Saba, La Presse Canadienne