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Aucune preuve que les produits laitiers légers sont meilleurs pour la santé

durée 11h09
15 avril 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Il n'existe aucune preuve scientifique que la consommation de produits laitiers légers est meilleure pour la santé, prévient une nouvelle analyse à laquelle a contribué un chercheur de l'Université Laval.

La recommandation d'en consommer avec modération, que l'on retrouve notamment dans le Guide alimentaire canadien, semble plutôt découler d'une supposition qu'on doit réduire notre apport en gras saturés, peu importe leur provenance, a dit Benoît Lamarche.

«Il n'y a pas d'évidence empirique qui supporte cette recommandation de choisir certains produits laitiers», a résumé le professeur à l'École de nutrition et chercheur au Centre NUTRISS et à l'Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels de l'institution québécoise.

«Il n'y a pas de preuves qui montrent que ces produits laitiers, faibles en gras, sont meilleurs pour la santé.»

Les gras saturés sont considérés comme un nutriment de préoccupation de santé publique, avec le sel et le sucre, au Canada et ailleurs, a rappelé le professeur Lamarche.

Réuni à Amsterdam avec douze collègues chevronnés provenant de sept pays différents, le groupe auquel appartenait M. Lamarche a conclu que peu importe leur taux en gras, le lait, le yogourt et le fromage ont un effet neutre sur le risque cardiovasculaire.

Les gras saturés représentent environ un peu moins des deux tiers des gras contenus dans les produits laitiers. Toutefois, si on examine les sources de gras saturés consommés par la population canadienne, les produits laitiers viennent au troisième rang en importance, derrière les collations et les desserts préparés et les viandes et leurs substituts.

Le Guide alimentaire canadien recommande néanmoins de privilégier du lait qui contient moins de 2 % des matières grasses, du yogourt qui en contient moins de 3 % et du fromage qui en contient moins de 6 % (ou encore 25% moins de gras que sa version ordinaire).

On ne dispose pourtant pas de données convaincantes qui montrent que les produits laitiers maigres ont un effet différent des produits laitiers plus riches en gras sur le risque cardiovasculaire, a souligné le professeur Lamarche.

«Si on crée de la distraction dans nos guides alimentaires, si on avance des choses pour lesquelles on n'a pas d'évidences, alors on perd le focus sur des enjeux nutritionnels plus importants», a-t-il déploré.

Les principaux enjeux nutritionnels de la planète, a poursuivi M. Lamarche, portent sur une consommation insuffisante de fruits et légumes, insuffisante de grains entiers, et excessive de sel, «alors peut-être qu'il faudrait commencer par mettre tout le focus sur ça, et ne pas distraire la population avec des recommandations pour lesquelles on n'a peut-être pas encore les preuves pour les appuyer complètement».

Les produits laitiers, a ajouté M. Lamarche, «ne contribuent pas seulement des gras saturés, mais aussi des protéines, des minéraux, des vitamines, etc.». Un individu qui déciderait de les éliminer de son alimentation pour réduire son apport en gras saturés risquerait donc de développer des carences de certains de ces nutriments.

«C'est ancré dans nos croyances que les gras saturés sont mauvais pour la santé, mais quand les gras saturés arrivent dans leur aliment d'origine, ils n'ont peut-être pas le même effet sur la santé que quand on les transpose dans un autre aliment où ils ne sont pas supposés être», a dit M. Lamarche.

Les consommateurs qui s'inquiètent de la quantité de gras saturés dans leur alimentation et qui souhaitent améliorer leur santé cardiovasculaire devraient plutôt regarder du côté des aliments transformés ou ultra-transformés, croit-il.

D'autant plus qu'on pourra faire «d'une pierre deux coups» en remplaçant ces aliments ultra-transformés dans notre alimentation par des aliments plus sains, plus riches en fibres ou plus nutritifs, a ajouté le chercheur.

Les produits laitiers légers contiennent aussi souvent des additifs, tels que des texturants, qui ont récemment suscité des inquiétudes en matière de santé, rappellent les auteurs.

«Il n'y a pas d'évidences qui montrent que consommer des produits laitiers riches en gras a un effet délétère ou bénéfique sur la santé, a conclu M. Lamarche. Ça va dans les deux sens. Autrement dit, il n'y a pas de différence entre les différents produits laitiers.»

Les conclusions de cette étude ont été publiées par The American Journal of Clinical Nutrition.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne

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