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Aucun des 5 cardinaux canadiens ne devrait être le prochain pape, selon des experts

durée 13h34
21 avril 2025
La Presse Canadienne, 2024
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4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Un cardinal canadien était l'un des principaux candidats lors de la dernière élection papale, mais les observateurs estiment que ce ne sera probablement pas le cas cette fois-ci.

Selon des experts du Vatican, les cinq cardinaux canadiens ont tous des points faibles, allant de leur âge avancé à leur inexpérience, en passant par des allégations d'inconduite sexuelle.

«Je serais très surpris que l'un d'eux soit élu, a avancé Mark McGowan, professeur d'histoire à l'Université St. Michael's College de Toronto. Je ne pense pas que nos cinq cardinaux canadiens soient vraiment parmi les meilleurs candidats.»

Le Vatican a annoncé lundi le décès du pape François après 12 ans à la tête de l'Église catholique. Le pontife de 88 ans avait passé cinq semaines à l'hôpital plus tôt cette année, où il avait été soigné pour une pneumonie aux deux poumons.

Emma Anderson, professeure d'études religieuses à l'Université d'Ottawa, a indiqué que le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec, serait le plus susceptible de remplacer le pape François parmi les cinq cardinaux canadiens.

Le souverain pontife l'a nommé cardinal en 2014 et l'a nommé à son conseil de neuf cardinaux conseillers en 2023. «À l'âge très jeune de 67 ans», le cardinal Lacroix est considérablement plus jeune que François lorsqu'il a été élu pape à 76 ans, a estimé Mme Anderson.

L'archevêque de Québec a cependant été nommé l'année dernière dans une action collective contre l'archidiocèse de Québec. Il était accusé d'avoir touché une adolescente de 17 ans sans son consentement à Québec entre 1987 et 1988.

Une enquête menée par l'Église n'a révélé aucune preuve d'inconduite sexuelle. Selon Mme Anderson, il est considéré au sein de l'Église comme exonéré. Pourtant, «même un simple souffle ou un soupçon de quelque chose d'anormal peut souvent faire dérailler une carrière», a-t-elle ajouté.

Le cardinal canadien Marc Ouellet, présenté en 2013 comme favori pour remplacer le pape Benoît XVI, a été nommé dans la même action collective. Il a été accusé par une femme d'attouchements inappropriés, ce qu'il a nié.

Originaire du petit village québécois de La Motte, Marc Ouellet a été nommé cardinal en 2003 et a dirigé le puissant bureau du Vatican chargé de la sélection des nouveaux évêques de 2010 jusqu'à sa retraite en 2023.

Lorsqu'il a fêté ses 80 ans en juin dernier, Marc Ouellet a perdu son droit de vote au conclave qui élira le prochain pontife. Techniquement, il pourrait encore être élu pape, car, bien que les cardinaux perdent leur droit de vote à 80 ans, ils peuvent toujours recevoir des votes. Mais ce serait inhabituel, selon M. McGowan.

«Je pense que son temps est passé, a affirmé Mme Anderson. Il est trop vieux et affaibli maintenant.»

Deux autres cardinaux canadiens approchent également les 80 ans. Thomas Collins, 78 ans, ancien archevêque de Toronto, a été nommé cardinal en 2012 par Benoît XVI. Outre son âge, il est probablement trop conservateur pour être un choix de premier ordre pour bon nombre des cardinaux élevés par le pape François, plus libéral, juge Mme Anderson.

Le cardinal Michael Czerny, 78 ans, est beaucoup plus étroitement lié à François, a souligné M. McGowan. Défenseur de la justice sociale d'origine tchèque, il s'est récemment élevé contre le projet de l'administration de Donald Trump de démanteler l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). Michael Czerny est jésuite, comme le pape François, qui l'a nommé cardinal en 2019.

Selon M. McGowan, l'âge de Michael Czerny jouerait contre lui. «C'est un homme extraordinairement brillant, a-t-il expliqué. Mais à 78 ans, combien d'années pourraient-ils tirer de lui ?»

Le plus récent cardinal du Canada est Francis Leo, 53 ans, originaire de Montréal, qui a été élevé l'an dernier au rang le plus élevé après le pape, après avoir succédé à Thomas Collins comme archevêque de Toronto en 2023. Les deux experts croient qu'il est probablement trop jeune et inexpérimenté pour être candidat cette fois-ci.

D'autres choix plus probables

Il y a 252 cardinaux encore en vie, dont seulement 135 sont admissibles au vote lors d'un conclave. Quatre-vingts pour cent des grands électeurs ont été nommés par le pape François. D'après M. McGowan, il est probable que le Collège des cardinaux choisisse un nouveau pape dans la même lignée que François. «Je miserais sur quelqu'un de pastoral et de multilingue, c'est sûr», a-t-il déclaré.

Mme Anderson et lui ont tous deux désigné le cardinal philippin Luis Antonio Tagle, 67 ans, comme favori. «Il est presque perçu comme une nouvelle version, ou un nouveau visage, de l'héritage franciscain, a souligné Mme Anderson. Certains le surnomment même le François asiatique.»

Ils ont indiqué que le cardinal italien Pietro Parolin, 70 ans, secrétaire d'État du Vatican, était un autre candidat de premier plan.

Le pape François a tenu à nommer des cardinaux du monde entier, y compris de nombreux pays qui n'avaient jamais été représentés au Collège des cardinaux. Ce conclave sera le premier sans une majorité d'électeurs européens, a rappelé Mme Anderson.

Mais cette diversité pourrait ajouter un élément d'incertitude pour ceux qui espèrent voir l'héritage de François se perpétuer.

«Les libéraux aimeraient voir un pape comme le pape François, issu d'une région nouvelle et sous-représentée du monde catholique, a mentionné Mme Anderson. Beaucoup de gens aimeraient voir un pape africain ou asiatique.»

«Mais l'une des conséquences de cette situation est que de nombreuses régions du Sud sont beaucoup plus conservatrices sur le plan théologique», a-t-elle précisé.

Maura Forrest, La Presse Canadienne

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