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Après la mort d'un ours bien-aimé en C.-B., les experts cherchent à tirer des leçons

durée 11h17
7 juillet 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

FIELD, COLOMBIE-BRITANNIQUE — Au printemps 2023, une équipe de Parcs Canada a installé une clôture électrique le long d'un tronçon de la route transcanadienne allant de Lake Louise à la frontière entre la Colombie-Britannique et l'Alberta.

Cela faisait partie d'une tentative visant à garder les animaux, y compris un grizzli blanc bien-aimé nommé Nakoda, à l'écart des dangers de la route. Mais une tragédie a frappé le 6 juin dernier, alors que les deux petits de Nakoda ont été heurtés et tués par un véhicule, suivis de leur mère dans une deuxième collision environ 12 heures plus tard.

Les décès, survenus dans le parc national Yoho, en Colombie-Britannique, près de la frontière provinciale, mettent en évidence les efforts continus visant à épargner les grands animaux du péril sur les autoroutes, ainsi que leurs limites. Parcs Canada et un groupe privé font pression pour des clôtures électriques plus nombreuses et mieux entretenues le long des autoroutes et des propriétés privées, en particulier à mesure que les interactions entre les ours et les humains augmentent.

La porte-parole de Parcs Canada Saundi Stevens a déclaré que l'installation d'une clôture électrique n'était cependant qu'une partie de la bataille.

«Si vous regardez toute la longueur de la clôture transcanadienne, depuis la limite est du parc jusqu'à Yoho, cela représente 100 kilomètres de clôture. Essayez donc d'imaginer ce qu'il faut pour maintenir un fil électrique en bon état de fonctionnement», a-t-elle affirmé.

Un arbre tombé pourrait détruire une clôture, a-t-elle souligné, et il y aurait des «points de fuite» pour les animaux.

Dans le cas de Nakoda, elle aurait traversé une section de clôture non électrifiée. Selon Mme Stevens, Nakoda était un ours «très intelligent» qui aimait manger de la végétation au bord de la route.

«Nous faisons de notre mieux, mais il y a toujours des moments où un arbre tombe, et jusqu'à ce que nous puissions sortir et inspecter la clôture, il peut y avoir un moment où la clôture ou le fil électrique est défectueux», a-t-elle expliqué.

Parcs Canada discute d'ailleurs actuellement avec des ingénieurs routiers des moyens possibles pour améliorer les clôtures électriques sur les autoroutes. Le personnel de gestion de la faune de Parcs Canada était sur place pour réparer la clôture lorsque les ours ont été tués.

«La clôture électrique fonctionne, mais je pense que nous devons continuer à réparer les clôtures et à maintenir la clôture de l'autoroute en bon état chaque printemps et à effectuer l'entretien avant que les ours ne sortent», a déclaré Mme Stevens, ajoutant que Parcs Canada prend la question au sérieux.

Elle a cependant précisé que l'un des défis est que l’équipe ne peut pas intervenir tant que la neige n’a pas fondu, au moment même où les ours sortent déjà de leur tanière.

Parcs Canada dépense annuellement 50 000 $ pour la réparation des clôtures dans l'unité de gestion de Lake Louise, Yoho et Kootenay, une zone comprenant le parc national Yoho et la zone frontalière.

Des voisins «très respectueux»

Les responsables des parcs ne sont pas les seuls à s'inquiéter. Apicultrice depuis plus de 30 ans, Gillian Sanders, qui habite dans la région du lac North Kootenay, a indiqué que des ours visitent sa propriété chaque année et qu'elle a commencé à utiliser des clôtures électriques en 1997 dans le but de devenir de meilleurs voisins pour les ours noirs et les grizzlis.

Mme Sanders est la fondatrice de Grizzly Bear Coexistence Solutions, un projet qui favorise de meilleures relations entre les grizzlis et les résidents ruraux de la région de Columbia. Elle milite en faveur de clôtures électriques sur les propriétés privées et a participé à l'installation de plus de 525 clôtures électriques dans la région de Kootenay afin de réduire les conflits avec les ours.

Elle prévoit un partage des coûts à hauteur de 50 % pour les clôtures électriques destinées à protéger le bétail ou les cultures contre les ours.

Elle trouve que les ours sont des voisins «très respectueux» et faciles à vivre tant qu’on ne leur présente pas de nourriture.

À son avis, les clôtures électriques sont plus importantes que jamais depuis que les grizzlis ont commencé à apparaître dans des habitats à basse altitude où ils n'avaient jamais été vus auparavant.

«Nous voulons permettre aux ours de se déplacer au fond des vallées et d'utiliser ces habitats de basse altitude sans entrer en conflit avec les humains», a déclaré Mme Sanders.

Elle estime que les clôtures électriques ne profitent pas seulement aux ours puisque les résidents aiment voir des ours près de leurs propriétés sans risque de conflit qui pourrait entraîner la mort d'animaux.

«C'est vraiment dommage que des ours meurent pour des causes évitables. C'est assez facile de coexister avec les ours lorsqu'on dispose des outils nécessaires pour les dissuader d'aller dans des zones où nous ne voulons pas qu'ils se trouvent.»

Même si un mois s'est écoulé depuis la mort de Nakoda et de ses petits, Mme Stevens a soutenu que ces pertes sont toujours «très difficiles» à vivre pour les employés des parcs, en particulier ceux qui ont passé «des centaines et des centaines d'heures» à surveiller Nakoda, qu'elle a décrit comme un «ours spécial».

Elle a déclaré que Nakoda avait développé «un certain niveau de tolérance envers les gens» et appris à escalader la clôture, ce qu'elle faisait fréquemment. «Notre personnel a travaillé très fort pour essayer de lui apprendre à ne pas le faire. Ils la harcelaient constamment, la poussant par-dessus la clôture, mais elle n’a jamais vraiment appris.»

Nono Shen, La Presse Canadienne