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Affamer et vider la Palestine: Trudeau ne semble pas vouloir sanctionner Israël

durée 18h35
23 octobre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — Le gouvernement Trudeau ne semble pas vouloir imposer des sanctions à l'État d'Israël malgré que des ministres du gouvernement de Benyamin Nétanyahou appellent à affamer la population de Gaza, à vider le territoire ravagé par la guerre et à reprendre la colonisation juive.

«C'est honteux! Ça suffit! Que faudra-t-il pour que le premier ministre impose de lourdes sanctions à Nétanyahou et à ses ministres extrémistes?» a demandé, mercredi, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, lors de la période des questions à la Chambre des communes, après avoir énuméré ses griefs.

Le premier ministre Justin Trudeau lui a répété le discours qu'il offre inlassablement depuis des mois en évitant soigneusement de dire ce qui constituerait sa ligne rouge.

«La violence au Moyen-Orient doit cesser. Nous ne pouvons pas continuer de voir des civils tués, des innocents décimés, des communautés détruites, a-t-il déclaré. Nous devons garantir un cessez-le-feu à Gaza et au Liban. Nous devons retrouver la voie vers une solution à deux États où un Israël pacifique cohabiterait avec un État palestinien pacifique.»

Intervenant immédiatement après, la porte-parole néo-démocrate en matière d'affaires étrangères, Heather McPherson, lui a envoyé que «c'était une réponse épouvantable».

Mardi, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, s'était fait demander par La Presse Canadienne pourquoi le Canada n'impose-t-il pas de sanctions à Israël.

La diplomate en chef du Canada a répondu en indiquant que des sanctions avaient été imposées à des colons extrémistes qui commettent des actes de violence à l’encontre de civils palestiniens en Cisjordanie.

Elle a également rappelé qu'Ottawa s'engage à empêcher que des armes ou des composantes d'armes canadiennes se retrouvent à Gaza. «Et, depuis ce temps-là, ce que nous avons vu, c'est que d'autres partenaires du G7 ont annoncé les mêmes mesures», a noté Mme Joly.

Selon le Times of Israel, des ministres ont appelé, lundi, à la réinstallation des colonies juives à Gaza, lors d'une grande conférence ultranationaliste.

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, un suprémaciste juif, a déclaré que la meilleure et la «plus éthique» solution au conflit serait d'«encourager l’émigration» des Palestiniens, autrement dit qu'ils quittent la bande de Gaza et que les Israéliens s'installent sur le territoire. Des propos semblables tenus récemment lui avaient valu des accusations de nettoyage ethnique.

Et, le mois dernier, le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a été condamné par Ottawa pour avoir suggéré qu'il serait justifié d'affamer les Palestiniens. Il avait auparavant affirmé que le village palestinien de Huwara devait être rasé.

En octobre 2023, le Hamas lançait une attaque-surprise contre Israël, tuant 1200 Israéliens et prenant 250 personnes en otage. Depuis, Israël a détruit une grande partie de la bande de Gaza contrôlée par le Hamas et tué plus de 42 000 Palestiniens, selon le ministère de la Santé de Gaza, qui note que plus de la moitié des victimes étaient des femmes et des enfants. La guerre a détruit de vastes zones de Gaza et déplacé environ 90 % de sa population de 2,3 millions de personnes.

Au début octobre, le premier ministre Trudeau avait dénoncé le nombre «si intense» de civils tués par Israël. Il avait aussi contourné une question lui demandant tout simplement s'il condamne la décision d'Israël d'envahir le Liban. L'État hébreu mène également une série de frappes aériennes massives sur le territoire.

Le ministère libanais de la Santé a déclaré que 28 personnes ont été tuées et 139 blessées au cours des dernières 24 heures, portant le bilan depuis le début du conflit à 2574 morts et 12 001 blessés. Les combats ont forcé 1,2 million de personnes à quitter leur foyer, dont plus de 400 000 enfants, selon l'agence des Nations unies pour l'enfance.

- Avec des informations de l'Associated Press

Michel Saba, La Presse Canadienne