« Je ne me doutais pas que j’étais victime de violences conjugales… », une phrase tristement récurrente au Havre l'Éclaircie de Saint-Georges
Par Stéphane Quintin, Journaliste
À l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le 25 novembre, la Table de concertation en violence conjugale de Beauce-Etchemin lance sa nouvelle campagne de sensibilisation de douze jours. Cette visibilité accrue permettra de revenir sur les nombreux mythes derrière lesquels se cache une réalité bien sombre.
Pour la Table de concertation en violence conjugale de Beauce-Etchemin le message est clair : « Les agressions perpétrées dans l’intimité des couples sont inacceptables ! » Créé en 1988 et composé de divers intervenants issus de notre territoire, le regroupement déplore que le simple fait d’être une femme soit le premier facteur aggravant parmi les victimes de violence. Afin d’éduquer la population aux vrais enjeux et d’éradiquer les préjugés toujours vivaces autour de la question, la Table de concertation compte bien profiter de ces douze jours d’action pour se mobiliser avec force et accroître sa visibilité.
Une quatrième campagne de sensibilisation pleine de projets
Du 25 novembre au 6 décembre prochain, douloureuse date de commémoration du massacre de l’École polytechnique de Montréal par un tireur anti-féministe, plus importante tuerie en milieu scolaire de l’histoire du Canada, la Table de concertation en violence conjugale de Beauce-Etchemin compte mener à bien une importante campagne de sensibilisation auprès de la population beauceronne. En plus d’un concours organisé sur la page Facebook du regroupement, où 8 capsules radiophoniques assez saisissantes seront par ailleurs diffusées, 50 municipalités de la région seront sollicitées afin qu’elles prennent publiquement position sur la question. Enfin, le mardi 6 décembre, 8 kiosques d’information seront disséminés à Saint-Georges pour sensibiliser la population beauceronne à une triste réalité.
Trois coups de fil par jour en lien avec la violence conjugale passés à Saint-Georges en 2016
Isabelle Nolet, intervenante sociale auprès de l’organisme Havre l’Éclairicie, chargé d’accueillir à Saint-Georges, dans un milieu sécurisant, les femmes et enfants victimes de violences conjugales, a démystifié la question en faisant part de chiffres insoupçonnés. Environ 1 200 coups de fil en lien avec la violence conjugale ont été reçus en 2016 par l’organisme beauceron, 511 services à l’externe ont été menés pour 158 femmes, dont 139 dans les points de services de Sainte-Marie, Saint-Joseph-de-Beauce et Lac-Etchemin. Enfin, 92 femmes ont été accueillies au centre, dont le taux d’hébergement, cette année, se monte à près de 80%. Bénéficiant d’une capacité de 12 lits, le Havre l’Éclaircie offre aux victimes de violences conjugales le réconfort d’un milieu sécurisé. Plusieurs interventions y sont organisées ainsi qu’un accompagnement personnel, un suivi post-hébergement et plusieurs services externes.
Explosion des demandes d’intervention au service jeunesse
« Les demandes d’intervention au service jeunesse de l’organisme, pour les jeunes filles jusqu’à 18 ans, ont explosé au cours des trois dernières années ! » Isabelle Nolet constate que, malgré les avancées du droit des femmes, les jeunes filles sont de plus en plus touchées par la violence conjugale. Selon elle, cette augmentation résulte en partie d’évolutions culturelles récentes, notamment de l’hypersexualisation des filles. Poussées par la société à plaire quoi qu’il arrive, dépendantes du regard des autres sur les réseaux sociaux et obnubilées par la crainte de ne pas être à la mode, ces dernières seraient plus susceptibles d’encaisser des situations de violence normalement inacceptables. À ce propos, l’intervenante a tenu à rappeler que la violence n’était pas forcément physique et que le harcèlement psychologique pouvait parfois avoir sur la victime un effet destructeur bien plus subtil et dangereux. « J’ai eu l’occasion de rencontrer de nombreuses femmes qui ne se doutaient pas qu’elles vivaient dans une situation de violence… » Pour en avoir le cœur net, il ne vous reste plus qu’à vous rendre sur le site internet havre-eclaircie.ca pour vous confronter aux différents questionnaires qui y sont proposés. Vous verrez si vous faites partie des près de 70% de femmes dans le monde victimes de violence au cours de leur vie.
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.