Violence conjugale : La guerre pour obtenir la garde des enfants
Mélinda, une femme victime de violence conjugale qui souhaite garder l’anonymat, racontait hier à EnBeauce.com son triste récit. Bien qu’elle se soit échappée de son bourreau, la bataille est maintenant loin d'être gagnée pour celle qui veut avoir la garde complète de ses deux enfants.
Depuis sa séparation, Mélinda a tout fait pour ne pas mêler les enfants à l'histoire. « Mes intentions étaient bonnes et je ne voulais pas de chicane. Je trouvais qu'il y avait eu assez de pots cassés. Je n'en voulais pas plus. Je voulais une garde partagée sans problèmes », dit-elle.
Selon le rapport du Département de la protection de la jeunesse (DPJ), les enfants racontent que leur père harcelait leur mère. On peut d'ailleurs y lire: « Papa n'arrête pas d'appeler maman. Il peut l'appeler plus de 30 fois par jour. Il nous dit des choses méchantes sur elle. Nous ne savons pas pourquoi il dit ça. Papa dit qu'il veut déménager à côté de chez maman pour la faire chier. »
Ce n'est toutefois pas ce qui s'est produit. La torture psychologique était toujours présente et les enfants y étaient mêlés. « Je n'avais pas beaucoup d'argent et il me demandait de lui donner 5000 $ pour inscrire mon enfant au hockey. Il m'a dit que si je ne le payais pas, j'aurais des conséquences et que mes enfants allaient me détester pour le restant de leurs jours. J'ai tout fait pour essayer de trouver l'argent, mais je n'ai pas été capable. Mon enfant était déçu et comme il était jeune, il croyait son père et j'étais la méchante. J'avais le cœur brisé », déclare Mélinda.
Celle-ci raconte d'autres exemples de torture psychologie. « Il a fait plusieurs fois des menaces de suicide dans la maison alors que les enfants étaient présents. Il a également déjà dit qu'il viendrait cacher de la drogue dans la maison et qu'il appellerait les policiers pour que je me ramasse en prison. Il a aussi affirmé qu’ils étaient devant sa maison et qu'il les « passerait » toute la gang. »
Comme si ce n'était pas assez, la fillette de Mélinda a révélé qu'elle avait été frappée par le père. « Mes enfants n'avaient aucun problème psychologique à la naissance. Aujourd'hui mon garçon est diagnostiqué avec certains problèmes et ma fille a un problème appelé Trouble d'opposition avec provocation. Elle devient parfois si violente que la police a déjà été appelée en renfort et elle n'a que sept ans. Elle a envoyé se faire foutre la garderie et la police. Le père a dit qu'elle avait bien fait, sa fille devait se faire respecter », mentionne-t-elle en se tenant la tête à deux mains. « Elle me fait parfois penser à son père », ajoute-t-elle en sanglots.
Mélinda a décidé de faire placer ses enfants en famille d'accueil par la suite, le temps de reprendre sa vie en main. « Ce fût la décision la plus difficile de ma vie, mais également la meilleure », mentionne-t-elle.
L’attitude du père selon la DPJ
Dans le rapport de la DPJ, on peut y lire que le père sent la drogue et la boisson. On y apprend également qu’il semble manipulateur, qu'il n'a pas de travail et qu'il ne compte pas en trouver. Il est également écrit noir sur blanc que l'homme semble violent et qu'il ne veut pas collaborer avec les intervenants.
Le garçon de Mélinda s'est également fait mal après être tombé dans un « trou » dans la maison, ce que le père a qualifié de « drôle ».
« Quand il a appris que notre fille changeait de famille d'accueil, il a menacé l'intervenante de la DPJ », affirme Mélinda. La famille d'accueil révèle d'ailleurs à la DPJ que la fillette revient souvent plus agressive lorsqu'elle revient de chez son père.
Aujourd’hui, celui-ci est de nouveau papa avec une autre femme. Depuis la naissance du nouveau-né il y a moins de trois mois, le couple s'est séparé à quatre reprises nous dit-on.
Le défi
Mélinda reçoit quant à elle beaucoup de félicitations de l'organisme de la protection de la jeunesse. « Madame travaille étroitement avec nous et démontre une volonté hors du commun. Celle-ci a suivi un psychologue pendant six mois tel que recommandé. Le professionnel voit une progression chez elle », peut-on lire dans le document. Soulignons que le gouvernement a quant à lui établi qu’il n’y a aucun lien entre les troubles de santé mentale de celle-ci et sa situation familiale particulière. À ce titre, elle implore toujours le gouvernement de revenir sur sa décision.
Par ailleurs, la victime aimerait arrêter de toujours se battre et avoir plus de pouvoir décisionnel envers ses enfants. « Ce n'est pas normal qu'avec tout ce dossier, je sois obligé d'avoir l'accord du père pour prendre des décisions. Il a déjà dit à la DPJ qu'il se sacrait de ses deux enfants », déclare-t-elle en brandissant le papier de la DPJ sur le bureau.
Mélinda n'a présentement aucun travail stable, ce qui pourrait l'empêcher d'obtenir la garde de ses enfants. « Je comprends la logique, mais je trouve ça plus que difficile. J'espère les reprendre à temps plein, le plus tôt possible. Je veux simplement que mon ex-conjoint soit tassé de leur vie », mentionne-t-elle.
Au terme de son témoignage, la femme tenait à conclure l'entretien de la façon suivante : « J'aurais pu me suicider, mais je ne l'ai pas fait, car j'aime mes enfants plus que tout au monde. Ils sont ma raison d'exister et je vais me battre pour les ravoir tant que je serai en vie. J'ai choisi de vivre et je veux être heureuse avec ma progéniture », conclut-elle en toute timidité.
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