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Les tarifs de l'électricité

durée 18h00
21 mars 2022
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Pier Dutil

LES TARIFS DE L’ÉLECTRICITÉ
 

À compter du 1er avril prochain, notre facture d’électricité subira une hausse de 2,6 %. Après des augmentations de 6,7 % pour l’épicerie et de 32 % pour l’essence, je croyais que l’on venait déjà en chercher un peu trop dans nos poches. À date, les salaires n’ont pas suivi la même courbe ascendante, ce qui signifie que l’on s’appauvrit collectivement.

UN PEU D'HISTOIRE

Jusqu’en 2019, Hydro-Québec devait soumettre l’augmentation de ses tarifs à la Régie de l’énergie qui fixait le taux d’augmentation. À titre d’exemples, de 2017 à 2019, les demandes d’Hydro variaient de 1,2 % à 1,7 %, mais la Régie n’avait autorisé que des augmentations inférieures à 1 %.

Au cours des ans, Hydro-Québec avait accumulé des trop-perçus de quelque 1,5 milliard de dollars (1,5 G$). Pendant qu’il siégeait dans l’opposition, François Legault insistait pour que ces trop-perçus soient retournés aux contribuables québécois. Il en a même fait une promesse lors de la campagne électorale de 2018. Or, comme cela arrive régulièrement en politique, aussitôt élu, François Legault a oublié sa promesse, du moins en partie.

En effet, au lieu de rembourser la totalité des trop-perçus, le Gouvernement Legault a adopté une loi forçant Hydro à rembourser le tiers des trop-perçus, soit 500 millions de dollars (500 M$). Et, pour compenser le milliard restant, la loi décrétait un gel des tarifs pour l’année 2020.

Mais, ce même projet de loi apportait une importante modification quant à la fixation de l’augmentation annuelle des tarifs. Jusqu’en 2025, Hydro n’aurait plus à soumettre ses augmentations à la Régie de l’énergie, car l’augmentation serait jumelée au taux d’inflation annuel. À ce moment le taux d’inflation se promenait entre 1 et 2 %.

Or, voilà qu’en 2021, le taux d’inflation a atteint 2,6 % et que l’on prévoit une augmentation de 4 à 5 % en 2022. Si aucun changement n’est apporté à la loi, cela voudrait dire que le 1er avril 2023, notre facture d’électricité augmenterait d’autant, ce qui n’a aucun sens.

UN CHÈQUE POUR COMPENSER

Face à cette menace, les partis d’opposition, les organismes voués à la protection des consommateurs et plusieurs autres organismes concernés sont montés au créneau pour réclamer des modifications à la loi.

Plutôt que de modifier la loi, François Legault s’est voulu rassurant en déclarant que si de telles augmentations survenaient, le Gouvernement pourrait envoyer des chèques aux contribuables en guise de compensation.

Si les chèques en question pouvaient réellement compenser les contribuables québécois, cela n’empêcherait pas l’augmentation des taux qui serait là pour rester. Est-ce que le Gouvernement enverrait des chèques à chaque année? J’en doute fort.

HYDRO QUÉBEC, UNE VACHE À LAIT

Lors de la création d’Hydro-Québec en 1944 par le Gouvernement libéral d’Adélard Godbout, la nouvelle société d’État devenait responsable de la production, du transport et de la distribution de l’électricité au Québec. Mais l’Hydro d’alors ne desservait pas l’ensemble du territoire québécois.

Onze compagnies privées offraient divers services sur la majorité du territoire, cela à des prix qui variaient beaucoup d’une région à une autre et le niveau de service était fort variable.

Suite à l’élection du Gouvernement libéral de Jean Lesage en 1960, René Lévesque, alors ministre, parvient à convaincre les membres de son parti de procéder à la nationalisation des compagnies privées afin qu’Hydro-Québec soit désormais seule responsable de fournir de l’électricité à tous les Québécois à un même prix raisonnable. On connaît la suite.

En 2021, dans son rapport annuel, Hydro-Québec écrit avoir réalisé un chiffre d’affaires de 14,526 G$ et un profit net de 3,564 G$, soit 24,5 %.

Étant donné que le Gouvernement du Québec est le seul actionnaire d’Hydro, il a reçu un dividende de 2,673 G$. De plus, le Gouvernement a également retiré des taxes et d’autres redevances qui portent à 6,13 G$ la somme totale recueillie par le Gouvernement grâce aux opérations d’Hydro-Québec.

Au cours des années passées, des Gouvernements, tant libéraux que péquistes, ne se gênaient pas pour exiger qu’Hydro leur verse un montant précis de dividende, ce qui devenait une taxe déguisée. On a ainsi détourné la mission de cette importante société d’État pour en faire une vache à lait pour les finances du Gouvernement. On a procédé parfois de la même façon avec la SAQ et Loto-Québec.

AU SERVICE DES QUÉBÉCOIS

La saga annuelle qui entoure l’augmentation des tarifs d’électricité d’Hydro-Québec ne devrait pas se produire. Je n’ai rien contre le fait que notre société d’État réalise d’intéressants profits qui lui permettent de continuer à développer des sources d’approvisionnement. Surtout qu’avec l’hydroélectricité et l’éolien, nous disposons d’une énergie verte et renouvelable. Tant et aussi longtemps qu’il coulera de l’eau dans nos rivières et qu’il ventera sur nos montagnes, nous pourrons compter sur des sources fiables à des prix concurrentiels.

Si notre savoir-faire nous permet d’approvisionner d’autres provinces et/ou certains États américains, je suis également favorable, mais cela ne devrait pas affecter la mission première d’Hydro-Québec, soit produire, transporter et distribuer l’électricité sur l’ensemble du territoire québécois, cela à un prix raisonnable.

Présentement, le Québec est l’endroit en Amérique où l’on paie le moins cher notre électricité. Sans devoir brader cette importante ressource, le Gouvernement québécois ne devrait pas continuer d’utiliser les tarifs comme une taxe déguisée. 

Monsieur Legault, permettez à la Régie de l’énergie du Québec de reprendre son rôle dans la fixation des tarifs annuels d’électricité au Québec.
 


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PENSÉE DE LA SEMAINE

Je dédie la pensée de la semaine à François Legault :
 

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