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Nouvelles exigences d'Ottawa

Travailleurs étrangers temporaires: les entreprises de la Beauce dénoncent l'improvisation fédérale

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13 avril 2024
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Sylvio Morin
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Par Sylvio Morin, Chef des nouvelles

Avec en tête le Conseil du patronat du Québec (CPQ), les acteurs du secteur municipal et du milieu des affaires de la Beauce ont uni leurs voix pour dénoncer les nouvelles exigences annoncées en février par Ottawa, entourant le recrutement des travailleurs étrangers temporaires (TET).

« Ressaisissez-vous! », a lancé le président et chef de la direction du CPQ, Karl Blackburn, à l'endroit du gouvernement fédéral, lors d'une conférence de presse tenue vendredi matin, au siège social de la MRC de La Nouvelle-Beauce, à Sainte-Marie. « Évitez d'improviser dans un dossier qui est extrêmement important pour l'économie du Québec, [...] du Canada. Et cessez de dire que la pénurie de main-d'oeuvre est une bonne nouvelle parce que, factuellement, on vient de vous démontrer que cette pénurie [...] est une catastrophe économique pour les entreprises canadiennes, [...] québécoises, et tout particulièrement la région de la Beauce. »

Rappelons qu'à la fin du mois de février, le ministre fédéral de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marc Miller, a imposé sans préavis de nouvelles exigences aux travailleurs étrangers temporaires en provenance du Mexique. Le fédéral a justifié sa décision par le nombre de demandes d’asile déposées par des citoyens mexicains, qui a atteint un niveau record en 2023, à un moment où le système d’asile, et où la situation de l’hébergement et des services sociaux du Canada étaient déjà soumis à des pressions considérables.

Or, en ce moment, plusieurs entreprises en Beauce sont prises dans l'incertitude en attente des travailleurs étrangers, pas seulement mexicains, dont ils ont grandement besoin pour maintenir leurs activités. C'est entre autres le cas pour les producteurs agro-alimentaires et du secteur forestier qui engagent du personnel en vertu du Programme des travailleurs agricoles saisonniers (PTAS).

Le président du CPQ a signalé que, depuis deux ans, cette pénurie de main-d'œuvre a causé une perte de 18 milliards de dollars aux entreprises, dont près de 3 G$ pour la seule région de Chaudière-Appalaches. M. Blackburn ajoute qu'actuellement, 60 % des entreprises ont dû refuser des contrats, réduire leur nombre de soumissions ou accuser des pénalités.

« Chez nous (le manque de main-d'oeuvre), ça représente un million de pertes par mois », a déclaré Line Breton, vice-présidente des ressources humaines chez duBreton, une entreprise de production porcine biologique de Saint-Bernard. « C'est crucial les travailleurs étrangers temporaires », a-t-elle insisté alors que l'entreprise en engage quelque 200 (provenant principalement du Guatemala) pour ses usines en Beauce, dans Bellechasse et le Bas-du-Fleuve. Outre les pertes de production, la femme d'affaires a indiqué que sa compagnie avait investi 4,5 M$ pour construire des logements et fournir des véhicules à ces travailleurs, en plus d'avoir cinq employés entièrement dédiés à la gestion de ce personnel pour les soutenir tout au long de leur mandat et pour faciliter leur intégration dans la communauté.

« Les mesures annoncées par le gouvernement canadien auront de graves répercussions, non seulement pour notre entreprise, mais également pour un très grand nombre d'autres organisations au Québec », de dire Mme Breton.

Elle n'a pas été tendre non plus envers les agences fédérales qui traitent des dossiers de TET. «On est jamais capable de parler avec personne. Même le député (Richard) Lehoux peut pas aborder le ministre (Marc Miller) », s'impatience Mme Breton. Elle trouve également irréaliste les exigences du gouvernement du Québec, quant au niveau de maîtrise du français oral exigé après deux ans pour assurer le renouvellement des contrats. « La plupart ne veulent pas rester ici. Donc, ils ne sont pas intéressés à apprendre. »

Pour sa part, la vice-présidente capital humain du Groupe Mundial, qui fait dans la métallurgie, estime que le gouvernement doit arrêter de mettre des bâtons dans les roues des entreprises québécoises qui tentent de combler la pénurie de main-d'œuvre par du recrutement international.

« C'est un processus qui est long, c'est un processus qui est coûteux, qui demande de l'énergie à l'interne, qui demande à nos gens d'être présents, d'accueillir les travailleurs étrangers. On le fait parce que c'est une des solutions dont on a réellement besoin, sinon, ça se résume en pertes de contrats, en pénalités parce qu'on est pas capable d'honorer nos contrats et ça empêche nos entreprises de grandir », a déclaré Manon Viel en conférence de presse.

Si elle comprend les exigences, la femmes d'affaires accepte mal l'improvisation dans le processus, qui a des conséquences dramatiques sur les personnes: « Quand on recrute des gens, on leur fait des promesses, on leur dit qu'ils vont pouvoir venir au Canada, qu'ils vont seront bien accueillis, qu'ils vont pouvoir faire venir leur famille. Puis finalement, en cours de route, une fois qu'ils sont rendus ici, tout change du jour au lendemain, sans qu'on ait le temps de les préparer », a partagé Mme Viel.

Elle a poursuivi en signifiant « qu'au final, tout ce qu'on occasionne à ces gens-là, c'est du stress, de la détresse énormément aussi. Ce que je demande aujourd'hui, c'est d'être écouté et consulté dans ces démarches et de nous laisser du temps pour pouvoir apporter les changements de règlements. »

Le préfet de la MRC de La Nouvelle-Beauce et et maire de la Ville de Sainte-Marie, Gaétan Vachon, a réagi dans le même sens: « On ne remet pas en question la décision du ministre Miller. [...] Par contre, le très court délai entre l'annonce du retour des visas et la mise en application de la décision ne permettait pas aux entreprises de s'organiser autrement. Il faudrait que les travailleurs étrangers temporaires mexicains qui détenaient déjà un permis de travail et dont l'arrivée était imminente soient exemptés de cette décision, peu importe le secteur d'activités dans lequel ils venaient travailler. »

Un message que le directeur général du Groupement forestier de Beauce-Sud, Samuel Poulin, espère sera entendu à Ottawa, car l'arrivée de neuf travailleurs mexicains, pour mener à bien cet été des travaux de reboisement de de débroussaillage pour son organisme, est sérieusement compromise. Selon toute vraisemblance, les TET n'arriveraient dans le meilleur des cas qu'en juillet, alors que le calendrier de travail est prévu s'amorcer au début du mois de mai.

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